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Gaulin, Janvier-Auguste
Article mis en ligne le 16 décembre 2012
dernière modification le 1er juillet 2021

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 12 nivôse an V (1er janvier 1797) à Paris (Seine). Décédé le 12 août 1875 à Dijon (Côte-d’Or). Elève polytechnicien (X-1816). Ancien officier d’artillerie. Propriétaire foncier. Conseiller municipal de Dijon de 1834 à 1865. Conseiller général de la Côte-d’Or de 1842 à 1848. Opposant dynastique de gauche sous la monarchie de Juillet, rallié au parti de l’Ordre en 1848 puis à l’Empire. Sympathisant saint-simonien. L’un des premiers phalanstériens dijonnais. Fondateur, membre souscripteur et président de la Société dijonnaise d’Assurance mutuelle pour les cas de maladies et d’accidents en 1837. Membre puis président du Comité central d’Agriculture de la Côte-d’Or.

Janvier-Auguste Gaulin est le fils d’un horloger parisien, Antoine Gaulin et de Marie Jeanne Louise Merger, couple résidant à Paris, 36 quai de la Mégisserie lorsqu’il est inscrit à l’Ecole polytechnique le 13 janvier 1817. Janvier-Auguste Gaulin participe à l’expédition d’Espagne de 1817. Il est admis dans l’artillerie de terre et dans les services publics en 1819. Le 21 juillet 1824 à Bessey-lès-Cîteaux (Côte-d’Or), il épouse Aline Gabet, né le 13 thermidor an VIII à Dijon, fille de Gabriel Gabet. Un premier enfant naît et décède à Dijon, au 18 rue Bossuet - hôtel Saint-Louis, résidence de Gabriel Gabet à Dijon, le 5 janvier 1826. La déclaration est effectuée par Gabriel Gabet même accompagné de son frère André Gabet, notaire. Gaulin, officier d’artillerie qualifié de démissionnaire réside alors à Bessey-lès-Cîteaux. Le 13 juin 1828, un second fils naît de cette union, Ernest Gaulin. L’un des témoins de la déclaration de naissance est Benoît Mercier, chirurgien et médecin, oncle par alliance de l’enfant. Il est l’époux de Marie Adèle Gabet, autre fille de Gabriel Gabet (voir la notice Chevrot). Gaulin paraît très proche de ce beau-frère qui décède en septembre 1836, dont il était un des témoins de mariage et dont il publie l’éloge en 1837. Malheureusement, il se refuse à mentionner « les opinions politiques et sociales [fondées] sur la justice et la liberté » de cet ancien officier de santé des armées napoléoniennes, déporté jusqu’en Russie après les batailles de Lützen et Bautzen, directeur du service de santé du 3e bataillon de la Côte-d’Or lors des Cent-jours, devenu médecin et ayant « une épouse douce, modeste et instruite [...] lui faisant des lectures choisies, pour soulager ses yeux fatigués [...] » [1] par le travail.

Jean-Claude Oudot cite Gaulin, en mars 1839, parmi la trentaine de Dijonnais qui « se disent hautement phalanstériens » [2]. Il l’est au moins depuis dix ans, adressant en 1829 un courrier à Charles Fourier au nom de son beau-père Gabriel Gabet souffrant et annonçant les difficultés rencontrées pour placer les prospectus et ouvrages de Fourier. Il est également sans équivoque sympathisant saint-simonien lors de la mission de 1831 à Dijon. En juillet 1831, Capella note que « mr gaulin [sic] ancien élève de l’école polytechnique » et d’autres « nous aiment beaucoup » [3]. Au cours de ces séances publiques, plusieurs Dijonnais et Dijonnaises se rapprochent des militants, mais sans rejoindre la Famille saint-simonienne. Jules Lechevalier note que « deux disciples de Fourier dont l’un, son ami, veut lui écrire une lettre de reproche sur la brochure qu’il a lancée contre nous [les saint-simoniens]. L’autre ancien élève de l’école polytechnique est l’auteur de l’article du patriote [sic] » [4]. L’« ami » [5] ne peut être que Gabet qui a approché Lechevalier lors de ce séjour à Dijon ; l’ancien polytechnicien qui écrit dans Le Patriote, est fort probablement Gaulin. Celui-ci n’est sans doute pas allé plus loin dans sa démarche vis à vis des saint-simoniens.

Gaulin consacre « ses loisirs volontaires à l’étude des questions d’économie politique et d’administration » [6]. Membre du conseil municipal de Dijon, élu au second tour en décembre 1834, il est notable désigné par le comité d’arrondissement pour la surveillance des écoles primaires pour le canton de Dijon-Ouest et membre du comité de surveillance de la salle d’asile de Dijon. Il donne lui-même des cours aux jeunes enfants. En décembre 1837, avec Charles-Antoine Gacon et son beau-père Gabriel Gabet, il s’oppose à l’ordonnance qui nomme deux adjoints sans qu’un maire ait été désigné, Hernoux, le maire sortant n’ayant pas été reconduit et Victor Dumay ayant décliné dans un premier temps sa nomination. Gaulin devient finalement adjoint de Dumay en 1840. Lors des élections législatives de 1837, il est pressenti par l’opposition pour l’arrondissement de Dijon-ville. Le préfet Chaper écrit de lui qu’il est un « homme instruit, honnête [... mais] se dirige encore d’après les idées absolues du bien et du mal en politique, que l’on adopte à 15 ans, et que l’expérience modifie ordinairement. Il est fort retiré, et porte dans toutes les délibérations, auxquels il est admis, les intentions les plus droites, la logique la plus rigoureuse, et les conclusions les plus fausses. M. Gaulin est soutenu obstinément par un petit nombre d’amis, qui estiment son caractère partageant ses illusions, et ne veulent pas entendre parler de tout autre candidat que lui » [7]. Cette même année, il est à l’origine, avec l’ingénieur Darcy et le pasteur De Frontin, de la création de la Société dijonnaise d’Assurance mutuelle pour les cas de maladies et d’accidents qu’il préside jusqu’à sa mort. La Société, à laquelle souscrivent en tant que fondateurs de nombreux phalanstériens, en contrepartie d’une cotisation d’un franc et cinquante centimes par mois, offre des secours pharmaceutiques, médicaux et pécuniaires (1,50 franc par jour pendant 3 mois puis 1 franc par jour durant 6 mois) et aide la famille du défunt pour les frais funéraires auxquels doivent impérativement assister vingt sociétaires. Au-delà de cinq années de cotisation, une pension est versée. Elle ne limite pas son intervention à une corporation ouvrière et s’ouvre à tous, sans distinction de profession et de sexe. Gaulin est également actionnaire du Courrier de la Côte-d’Or, journal de l’opposition dynastique, et l’un des directeur lors de sa fondation en 1839.

Statuts de la Société dijonnaise d’Assurance mutuelle pour les cas de maladies et d’accidents, 1837
Archives départementales de la Côte-d’Or, M8/7i-4

Gaulin est électeur censitaire au sein du collège électoral du premier arrondissement (Dijon-ouest) et verse en 1839 une contribution annuelle de 541,97 francs pour un domaine foncier situé à Aiserey et 13,33 francs au titre de la contribution personnelle et mobilière. Gaulin connaît une véritable ascension sociale au cours de la décennie qui suit. Sa contribution totale s’élève à 1577,19 francs en 1847, dont 1298,57 au titre de la contribution foncière pour des domaines situés à Aiserey, Genlis et Dijon-sud, 76,96 francs au titre de la contribution personnelle et mobilière et 41,27 francs pour les portes et fenêtres sur Dijon-sud. Il devient propriétaire de l’hôtel d’Auvillars, devenu hôtel Gaulin, 11 bis rue Saint-Pierre à Dijon, en 1844. En décembre 1842, lors du renouvellement triennal, il devient conseiller général du canton de Dijon-est. Il est présenté aux législatives d’avril 1848 par « le comité pour les élections » de Dijon, regroupant des républicains « du lendemain », mais sans succès. Lors des élections cantonales de septembre 1848, il est candidat contre l’ancien maire de Dijon, Hernoux et échoue de peu dans le canton de Dijon-est. Il passe au parti de l’Ordre, est promu chevalier de la Légion d’honneur par décret du 2 février 1850. En janvier 1852, il devient adjoint au maire bonapartiste de Dijon André, qui n’hésite pas à liquider la Boulangerie sociétaire initiée au sein même de la Société dijonnaise d’Assurance mutuelle pour les cas de maladies et d’accidents. Gaulin siège au conseil municipal jusqu’en 1865. Lors des élections municipales de cette année, il est impossible de composer une liste officielle « de candidats acceptant la tutelle administrative » [8]. Gaulin est présenté sans succès sur une liste de « conciliation » composée de onze membres de la liste d’un Comité industriel et commercial, neuf de celle du parti libéral, le député Magnin en tête et onze autres candidats dont lui-même.

Membre et secrétaire du comice agricole de Genlis depuis 1837-1838, - son domaine d’Aiserey se trouve dans le canton de Genlis -, il devient vice-président puis président en 1867 du Comité central d’agriculture de la Côte-d’Or auquel il appartient en tant que membre titulaire depuis avril 1849. Il le reste sous la IIIe République. Il est également membre associé résidant de la Commission des Antiquités du département de la Côte-d’Or depuis 1843. Il est administrateur des hospices de la ville de Dijon et du Lycée sous le Second Empire. Il fonde en 1857 la Société d’assurance contre l’incendie, l’Abeille bourguignonne, société de type capitaliste qui se développe sur toute la France. Il avait été membre du conseil d’administration de la Société d’assurances mutuelles contre l’incendie, de Dijon liquidée en 1853 [voir la notice Nicolas). Son fils dit Ernest Gaulin-Dunoyer également actionnaire, est à l’origine d’une des banques les plus importantes du département et préside la Chambre de commerce sous la IIIe République. Gaulin contribue à l’installation d’une succursale de la Banque de France à Dijon.

Villequez qui est amené à le remplacer à l’Académie de Dijon, dit de lui qu’il a été un homme « sagement libéral » et retient de son action la création de la Société dijonnaise d’Assurance mutuelle pour les cas de maladies et d’accidents et sa présidence de l’Association de patronage des jeunes détenus libérés qu’il réinsère lui-même. Le Préfet l’a nommé délégué pour la surveillance de l’établissement pénitentiaire de Cîteaux qui a succédé à la colonie d’Arthur Young et que Pierre Dugied, ancien carbonaro, ancien saint-simonien, converti au catholicisme avait initié en 1846.