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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Barbier, Jacques François
Article mis en ligne le 19 juin 2012
dernière modification le 25 octobre 2013

par Desmars, Bernard

Né le 12 septembre 1811, au Mans (Sarthe), décédé le 8 août 1888 à Paris (17e arrondissement). Médecin. Républicain hostile au coup d’État du 2 décembre 1851. Réfugié à Jersey, puis à Lisbonne. Conseiller municipal au Mans (1878-1888), conseiller d’arrondissement (1879-1880) et conseiller général de la Sarthe pour le deuxième canton du Mans (1881-1886).

Fils d’un cabaretier, Jacques François Barbier fait des études de médecine à la faculté de Paris et soutient sa thèse de doctorat en 1838. Il se marie l’année suivante avec Éléonore Paumier, fille d’un marchand manceau. Ils auront une fille prénommée Euphémie, née en 1844.

Médecin et fouriériste

Barbier pratique son activité médicale au Mans avec succès. « Le docteur Barbier était un homme d’une haute valeur intellectuelle et morale. Il possédait une qualité qui devient rare chez les médecins, l’ardeur dans la lutte contre la maladie. La sûreté et la promptitude de son diagnostic ressemblaient à de la divination. Il questionnait peu ses malades, un coup d’œil lui avait suffit pour savoir ce qu’ils éprouvaient et ... il les guérissait » [1]. Il s’intéresse à de nouvelles formes thérapeutiques, comme le magnétisme : en 1840, il assiste à une séance de magnétisme et en rend compte à la Société de médecine du Mans dont il est membre depuis 1838 [2]. Il est également admis en 1840 dans la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, dont il devient en 1841 le secrétaire, fonction qu’il exerce jusqu’en 1851.

Le couple Barbier est ami des couples Milliet et Chassevant, tous communiant dans les idées républicaines et fouriéristes ; et, se souvient Jean-Paul Milliet, « souvent le dimanche, les familles Chassevant, Milliet et Barbier se réunissaient pour un pique-nique dans quelque auberge des environs du Mans. [...] » [3]. Comme Félix Milliet, Jacques François Barbier est franc-maçon ; ils sont tous les deux membres de la loge des Arts et du Commerce [4].

Un opposant à l’Empire

Jusqu’alors assez discret dans ses convictions politiques, Barbier s’engage plus nettement pendant la Seconde République et devient un acteur important du camp républicain dans la Sarthe en 1848 : il est notamment président du Comité central républicain du département, dont Milliet est le secrétaire. Alors que la République est peu à peu conquise par les partis conservateurs, Barbier appartient au camp démocrate-socialiste. Au lendemain du 2 décembre 1851, il participe à une réunion dont l’objectif est l’organisation d’un soulèvement populaire. Poursuivi devant la commission mixte de la Sarthe, il parvient à quitter clandestinement la France.

Il rejoint Jersey, où le retrouve son épouse. Il pratique la médecine et contribue activement à la lutte contre une épidémie de choléra, ce qui lui attire l’estime de la population. Parallèlement, il participe aux activités politiques du milieu des proscrits (dont Victor Hugo) ; certains républicains étant expulsés de Jersey (pour offense à la reine d’Angleterre), Barbier décide aussi de quitter l’île en 1855 et gagne le Portugal.

Il s’établit comme médecin à Lisbonne ; son activité lors d’une épidémie de fièvre jaune en 1857, puis au sein de l’Asile Saint-Louis-des-Français, lui attirent la reconnaissance de la population et des autorités, le roi le décorant de la médaille de la Tour de l’épée.

Notable républicain

En 1872, Barbier revient en France, d’abord à Amné (canton de Loué, Sarthe), puis au Mans. Dès son retour, il renoue ses relations avec les Milliet. En juillet 1872, Barbier et sa fille Euphémie accompagnent les Milliet à la Colonie de Condé-sur-Vesgre. En octobre de la même année, Fernand Milliet (fils de Félix) et Euphémie Barbier se marient. Fernand meurt en 1885. Euphémie reste en relation étroite avec Alix Milliet (sœur de Fernand) [5].

Médecin apprécié, philanthrope (il dirige la Caisse d’épargne de 1876 à 1885), il siège au conseil municipal (1878-1888), au conseil d’arrondissement (1879-1880) et au conseil général de la Sarthe (1881-1886) ; d’après le préfet, il appartient alors au « parti républicain modéré » [6]. Il reçoit en 1883 la légion d’honneur, qui lui est remise par le sénateur-maire du Mans, Cordelet. Il fait partie de la commission départementale chargée de désigner les bénéficiaires de la « loi de réparation nationale », adoptée en 1881 au profit des victimes du coup d’État de 1851 ; il décide de reverser au bureau de bienfaisance du Mans la pension de 400 francs qui lui est accordée.

Son épouse décède en mars 1887. Sa santé se dégrade et sa fille Euphémie l’accueille dans son domicile parisien. Il y meurt en août 1888. Alix Milliet note dans son journal que les participants étaient peu nombreux à ses obsèques parisiennes, alors qu’une telle cérémonie, au Mans, aurait sans doute rassemblé un très grand nombre d’habitants venus rendre hommage à un homme généralement estimé de ses concitoyens. En 1891, cependant, le conseil municipal du Mans attribue son nom à une rue de son quartier.