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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Carnari (ou Carnary), Henri Guillaume
Article mis en ligne le 16 janvier 2012
dernière modification le 15 décembre 2013

par Desmars, Bernard

Né le 25 messidor an XI (14 juillet 1803) à Barr (Bas-Rhin), décédé le 4 août 1837 à Strasbourg (Bas-Rhin). Clerc de notaire. Animateur du groupe fouriériste de Strasbourg entre 1833 et 1837.

Quand Henri Guillaume naît, son père est commis greffier au tribunal de l’arrondissement de Barr ; quelques années plus tard, il est notaire dans la même ville. Henri-Guillaume Carnari est lui-même clerc de notaire dans une étude strasbourgeoise, au début des années 1830. On le connaît principalement à travers la correspondance qu’il adresse à la direction du Phalanstère, puis à la Phalange et à Victor Considerant en particulier.

Propagandiste phalanstérien

En 1836-1837, il est le correspondant de l’Ecole sociétaire à Strasbourg et son principal agent de propagande dans la région ; il tient chez lui un dépôt des publications phalanstériennes, et s’occupe très activement de placer livres et journaux dans des cafés et des cabinets de lecture, de les diffuser dans son entourage et de faire des abonnés, à Strasbourg, mais aussi à Barr et dans plusieurs autres villes alsaciennes ; il en distribue aussi des exemplaires aux rédacteurs de la presse locale. Comme correspondant de l’Ecole, il collecte le produit des ventes et des abonnements, rectifie les adresses, signale les numéros manquants, informe le Centre des réactions positives ou négatives des lecteurs ; il indique aussi quelles sont les personnes et les institutions auxquelles il est utile de procéder à des envois gratuits, et celles à qui les envois doivent être interrompus. Il transmet très méticuleusement ses comptes à la direction de l’Ecole, avec ses recettes (ventes d’ouvrages et de journaux) et ses dépenses (frais postaux), ainsi que le nombre d’ouvrages restant déposés chez lui. Ses lettres permettent aussi de savoir quels sont les auteurs les plus attendus par ses condisciples strasbourgeois : « envoyez moi bientôt les discours de l’Hôtel de Ville. Nous les attendons avec impatience, de même que votre second volume [de Destinée sociale]. Ajoutez-y, s’il en reste, du Transon, Pellarin, Villegardelle, Maurize, Berbrugger, Lemoyne ; de chacun 6 à 10 exemplaires, il y a des amateurs » [1]. Carnari est sans doute le seul correspondant provincial de l’Ecole sociétaire à doter son dépôt de livres d’un logo.

En tête de la correspondance de Carnari

Carnari fait part des réactions suscitées par les premiers numéros de La Phalange  : « Je n’ai pas besoin, je pense, de vous dire, que nous sommes très satisfaits de La Phalange. [Certes,] on trouve les conditions du journal très élevées et effectivement il est cher pour une époque où il y a des journaux quotidiens à 40 et 48 francs. Mais tous nos amis que les idées sociétaires intéressent et qui en ont les moyens se décident pour un tel abonnement sans hésiter. On ne songe pas à une chose, c’est que La Phalange est un journal scientifique qui consacrera toujours sa valeur et n’est pas à confondre avec les autres feuilles politiques indispensables au commerce pour envelopper le fromage ou pour être métamorphosé en cornets » [2].

Il est très favorable au projet et aux statuts d’Union phalanstérienne élaborés par Just Muiron ; il voit dans une telle organisation, qui rassemblerait les groupes de province et le groupe parisien, un facteur d’expansion du mouvement phalanstérien. « Notre groupe [strasbourgeois] sera composé d’une quinzaine de personnes au début », estime-t-il en 1837. « J’espère que le nombre augmentera bientôt et que cela augmentera aussi les lecteurs de La Phalange » [3]. Il ne semble pas se rendre compte que la démarche de Muiron suscite l’opposition de Considerant, pour lequel il a par ailleurs une très grande estime : « je voudrais embrasser l’homme à moustache et à cheveux longs, je le regarde comme le plus fervent apôtre de l’humanité [...]. Ma plume est trop faible pour vous dire ce que j’ai éprouvé [...], et que j’éprouverai encore longtemps, je ne puis vous adresser les éloges que vous méritez, mais je vous assure que je vous admire et que je vous aime bien » [4].

La maladie

En 1836 et 1837, Carnari est gravement malade ; il ne peut plus parler et est souvent alité. Il continue cependant son travail de correspondant avec Paris et aussi de propagation, y compris auprès de ceux qui le soignent : « Parmi les médecins qui me traitent, il y a deux professeurs de la faculté d’ici, qui ayant vu chez moi des tableaux, ouvrages et journaux, m’ont adressé quelques questions, auxquelles j’ai répondu par une lettre contenant l’exposé succinct de la théorie (mon mal ne me permettant pas de parler). Ma lettre a été bien accueillie de même que les deux premiers numéros de la Phalange » [5].

Ses problèmes de santé s’aggravent. Pellarin qui passe à Strasbourg en juillet 1837, va le voir : « Carnari lui a fait peine horrible quand il l’a vu si malade. Il comptait quitter cette vie maudite dans le courant de juillet ; il ne peut y rester plus d’une ou deux semaines encore. Sa foi phalanstérienne le soutient, l’exalte au point de lui faire supporter toutes ses souffrances et de ne sentir dans la mort qu’un bienfait », mort qui intervient le 4 août [6].