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Duchasseint, Félix (Jean-Baptiste-Félix Delapchier, ou Delchapier)
Article mis en ligne le 14 mars 2011
dernière modification le 4 avril 2012

par Léger, Astrid

Né à Lezoux (Puy-de-Dôme) le 20 janvier 1814, mort à Paris le 20 février 1895. Domicilié à Lezoux. Républicain proche de l’Ecole sociétaire, engagé sur les questions de la colonisation et des salles d’asile.

Né dans une ancienne famille de la région de Lezoux, Duchasseint fait ses études au lycée de Versailles. C’est peut-être à cette époque qu’il rencontre Désiré Laverdant. Licencié de droit, il est inscrit au barreau de Thiers et devient en 1840 membre du Conseil d’arrondissement de cette ville. Ce propriétaire est alors très investi dans la vie politique et intellectuelle locale. Ainsi, il participe à la rédaction de la Revue de Riom [1], du Courrier du Centre [2]et on le compte parmi les collaborateur de La Presse Judiciaire. Egalement membre de l’Académie des Sciences et des Lettres de Clermont et de la Société Centrale d’Agriculture, il est très lié avec Laverdant et Trélat.
Si l’appartenance de Duchasseint au camp républicain est claire, les historiens locaux semblent hésiter à le classer parmi les socialistes. Dans ses articles, il se présente lui-même comme un proche de l’École et de sa théorie, admirant le génie de Fourier, connaissant « la pureté des intentions, l’amour de l’humanité de ses disciples », et étant lié d’amitié avec certains de leurs chefs. Ses conceptions de l’asile et de la colonisation contiennent un nombre conséquent de principes de la théorie sociétaire, sans pour autant qu’il adopte l’intégralité de l’interprétation phalanstérienne du monde et sans abandonner ses principes d’ordre. Bien loin d’embrasser uniquement l’aspect de la théorie qui a été désigné comme le plus pragmatique, le plus raisonnable, Duchasseint se fait l’écho de ses dimensions plus philosophiques et abstraites comme la marche de l’humanité vers l’Unité et l’Harmonie, la prise de possession du globe par l’homme obéissant à sa destinée... Parallèlement, il adopte parfois si complètement certains principes qu’il se les réapproprie et les détache de leur sens et de leurs objectifs d’origine. Ainsi, le principe de formation associée à la production économique dans les salles d’asile n’ a pas le même but chez lui et chez les phalanstériens.

En 1848, il salue avec joie la proclamation de la République et est élu délégué par l’Assemblée cantonale de Lezoux en avril. Candidat à l’élection de l’Assemblée Constituante, il reçoit le soutien de La Démocratie Pacifique et du journal Le Peuple. Dans sa profession de foi, présentée au club républicain de Riom le 1er avril 1848, il déclare : « Je ne suis ni communiste, ni saint-simonien, ni phalanstérien. Je veux le respect de la famille et de la propriété, ces deux bases essentielles de tout ordre social... la garantie de tous les droits, la liberté et l’égalité de tous les cultes... le suffrage universel, le droit d’association... ». Cette distance s’explique : Duchasseint attend que le phalanstère soit réalisé pour affirmer sa foi : « Je ne suis pas phalanstérien, parce qu’il n’est pas démontré que la formule phalanstérienne soit réalisable ». Il est finalement vaincu aux élections. En septembre 1848, il est élu pour représenter Lezoux au Conseil général. En 1851, il proteste contre le coup d’État dans une lettre publiée dans la presse et, refusant de prêter serment à l’Empire, démissionne de son poste de conseiller général.

Son engagement politique continue sous la IIIe République. Ainsi, le 8 octobre 1871, il rentre au Conseil général du Puy-de-Dôme. Puis le 20 février 1876, il est élu député de l’arrondissement de Thiers avec une profession de foi qui réclame « une République définitive, conservatrice et progressive ». Il est réélu 5 fois, jusqu’en août 1893. Il siège alors à gauche, vote contre le ministère de Broglie et fait partie des 363. Il est réélu en octobre 1877 et vote pour l’enquête sur les actes du cabinet du 16 mai, contre le ministère de Rochebouët et pour les ministères républicains qui lui succèdent. En août 1881, il se déclare favorable aux lois Ferry sur l’enseignement et aux crédits du Tonkin. Porté sur la liste opportuniste du Puy-de-Dôme le 4 octobre 1881, il est à nouveau élu : il se fait inscrire à la Gauche radicale et à l’Union des gauches, et continue de voter à gauche : pour l’expulsion des princes, pour le rétablissement du scrutin d’arrondissement, pour l’ajournement indéfini de la Constitution en 1889 (Dictionnaire des parlementaires), pour les poursuites des trois députés membres de la Ligue des Patriotes, contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse... En 1885, il présente un rapport à la Chambre des députés sur la proposition d’Henri de Lacretelle pour la création d’asiles d’enfants nouveaux-nés.

Portrait de Duchasseint, sans date
BMU, Clermont-Ferrand