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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Derrion, Michel
Article mis en ligne le 5 octobre 2010
dernière modification le 12 juillet 2021

par Abramson, Pierre-Luc

Né à Lyon le 9 germinal an X (29 mars 1803), mort à Rio de Janeiro le 12 mars 1850, fabricant d’étoffes de soie, fouriériste venu du saint-simonisme, fondateur en France du Commerce véridique et social, fondateur au Brésil de l’Union industrielle du Sahy.

Michel Derrion en France

La partie française de l’existence de Michel Derrion est relativement bien connue, grâce aux travaux de Jean Gaumont et, plus récemment, grâce à ceux de Denis Bayon. Michel Marie Derrion naît à Lyon, en 1803, dans une riche famille de soyeux. Comme il convient au fils d’un fabricant, il est d’abord saint-simonien. Il soutient, semble-t-il, de ses deniers l’extravagante expédition des Compagnons de la Femme qui, sous la direction d’Emile Barrault, part, en 1833, de Lyon pour se rendre en Orient, à la recherche de la Mère universelle. L’année suivante, profondément ému par la misère des canuts qui par deux fois, en 1831 et en avril 1834, venaient de se soulever, Michel Derrion propose sa solution personnelle à la question sociale, sous la forme d’une brochure intitulée Constitution de l’industrie ou organisation pacifique du commerce et du travail ou tentative d’un fabricant de Lyon pour terminer d’une manière définitive la tourmente sociale. Il achève, déclare-t-il, l’ouvrage « au bruit de la fusillade ». Son projet de réforme économique et sociale est fondé sur les coopératives de production et de consommation qui, selon lui, doivent finir, grâce à leur compétitivité et à la vertu de l’exemple, par couler et absorber petit à petit toutes les entreprises capitalistes privées. Comme l’auteur est avant tout un homme d’action, il propose de lancer d’ores et déjà la première coopérative. Ainsi, sa plaquette s’achève par une feuille de souscription où son nom figure, en tête d’une rubrique encore vide, comme celui du premier des souscripteurs. Le plan réformiste de Michel Derrion semble un moment réussir. Avec les capitaux que sa sollicitation lui procure, il fonde une chaîne de magasins coopératifs voués à la vente des produits alimentaires, à l’enseigne du « Commerce véridique et social ». Sept boutiques sont ouvertes dans le quartier de La Croix-Rousse. Il place à ses côtés, pour diriger l’entreprise, un ancien canut révolté de 1831, Joseph Reynier. Le succès même de ces établissements suscite la jalousie des concurrents et les tracasseries administratives et policières de ceux qui voient dans les statuts originaux de la société Derrion et Cie une menace pour l’ordre social. On décourage la clientèle par tous les moyens et, en 1838, la crise économique aidant, l’entreprise fait faillite. Derrion y perd sa fortune. Cependant, l’idée de Derrion perdure. Elle est reprise, sous la Seconde République, par l’Association lyonnaise nommée Société des travailleurs unis.
Entre temps, vers 1836, Michel Derrion s’est converti au fouriérisme, comme l’indique d’ailleurs le nom qu’il a choisi pour sa coopérative. En jargon fouriériste, le commerce « véridique » des phalanstériens s’oppose au commerce « mensonger » des civilisés. Après sa conversion, il rejoint le groupe fouriériste qui gravite autour du bulletin Correspondance harmonienne. Cette publication réunit ceux qui, à Lyon, refusent l’hégémonie de Victor Considerant sur le mouvement fouriériste et qui l’accusent de monopoliser l’héritage du Maître, pour le teinter fortement aux couleurs républicaines. Ils dénoncent aussi sa tendance à procrastiner indéfiniment le passage à l’expérimentation.

Tout naturellement, après ses revers de fortune qui le conduisent à quitter Lyon pour Paris en 1838, Michel Derrion rencontre Jean Czynski qui, dans la capitale, mène le même combat contre les partisans de Victor Considerant. Ces derniers sont regroupés d’abord autour de La Phalange, avant de l’être autour de La Démocratie pacifique et Jean Czynski, pour sa part, dirige Le Nouveau Monde, organe bimensuel, puis trimensuel, de la dissidence anticonsiderantienne. Dans cette association, on cultive plus fortement qu’à Lyon l’idée qu’il faut passer sur le champ au stade de l’expérimentation, ne compter que sur soi-même et ne rien attendre d’un quelconque mécène. Il est de fait qu’à peine arrivé à Paris, Michel Derrion récidive et devient la cheville ouvrière d’une entreprise de « boulangerie véridique ». Parallèlement, il collabore, à l’invitation de Jean Czynski, au Nouveau Monde. Il invente également « un langage [destiné à] représenter par des signes, la danse, les mouvements gymnastiques. Grâce à un disciple de Fourier, ce langage est découvert ; nous saurons lire la danse comme nous lisons l’écriture et la musique » annonce Le Nouveau monde du 1er août 1839 [1]. Il est le rédacteur d’une pétition présentée à la Chambre des députés au début de l’année 1840 : il souhaite que les députés consacrent à la Science sociale un examen attentif et qu’ils votent un crédit pour la fondation d’un premier phalanstère. Cette pétition qui ne débouche sur rien de concret aurait recueilli, selon Le Nouveau Monde (11 et 21 mars 1840), plus de six cents signatures. Il rencontre à cette période un autre Lyonnais qui écrit dans ce journal et qui rentre d’un séjour à Palerme, le docteur Benoît-Jules Mure, médecin homéopathe.
C’est tout aussi naturellement que l’on retrouve le nom de Derrion et celui du docteur Mure parmi les signataires de l’appel que le journal Le Nouveau Monde lance, dans son numéro du 21 janvier 1840, pour la fondation immédiate d’un phalanstère. A la suite de cet appel trois groupes « réalisateurs », ou « transitaires », se forment : autour de Jean Czynski, afin d’établir au Texas une communauté fouriériste, projet qui avorte ; autour de la fouriériste belge Zoé Gatti de Gamond et de l’anglais Arthur Young, afin de fonder une expérience sociétaire à Citeaux, lieu emblématique de la vie communautaire ; et, enfin, autour Michel Derrion et du docteur Mure, afin de créer un phalanstère dans le sud du Brésil, dans la province de Santa-Catarina. A cet effet, Derrion et Mure fondent alors l’Union industrielle. Ici se pose la question de savoir pourquoi ils ont choisi le Brésil pour réaliser l’expérience salvatrice.
Jean Gaumont attribue ce choix au docteur Mure, ce qui semble confirmé par le fait que c’est lui qui part, dès novembre 1840, en éclaireur, pour préparer l’arrivée des phalanstériens. Il ajoute que Mure et Derrion connaissent Jean-Baptiste Eugène Tandonnet, un phalanstérien dissident qui a défendu avec fougue les positions des réalisateurs dans les querelles internes du mouvement fouriériste. Il se trouve alors à Montevideo, non loin à l’échelle américaine, du Santa-Catarina. Son influence expliquerait le choix brésilien. Quant au fait qu’en 1840 Tandonnet se trouve à Montevideo et non au Brésil, cela ne saurait constituer un argument qui puisse être opposé à l’hypothèse. Les liens entre Montevideo et le sud du Brésil sont étroits et nous avons pu constater, en étudiant notamment les destins de Tandonnet, de Garibaldi ou du baron de Mauá, l’imbrication des histoires des utopies sociales de la façade atlantique de l’Amérique du Sud. L’aventure des phalanstériens de la province de Santa-Catarina en constitue une marque supplémentaire, et notamment le fait que, dans les premiers mois de 1842, une militante fouriériste quitte Montevideo assiégée par les troupes de l’allié de Rosas, Manuel Oribe, pour rejoindre le phalanstère du docteur Mure au Brésil. Or cette femme connaît bien Tandonnet. Il paraît donc qu’il existe un faisceau de présomptions pour confirmer l’hypothèse de Jean Gaumont, mais Jean Gaumont lui-même en a soulevé au passage une autre : Derrion connaît aussi un saint-simonien lyonnais, Flichy, qui, comme lui, a soutenu financièrement la folle équipée des Compagnons de la Femme. Or celui-ci s’est expatrié en Amérique du Sud après le décès de son épouse. Il semble avoir séjourné successivement à Montevideo et dans le Rio Grande do Sul. Notons que les deux hypothèses ne sont pas contradictoires. Derrion et Mure peuvent très bien choisir le Brésil d’un commun accord.

Après avoir déposé auprès du consul du Brésil à Paris, le 21 septembre 1840, les statuts de l’Union industrielle, le docteur Mure s’embarque pour Rio de Janeiro. Dès son arrivée en décembre 1840, il se met à exercer son art. En même temps, il se lance dans de multiples démarches auprès de l’administration impériale, afin d’obtenir une concession foncière où mener l’expérience tant désirée. Favorisé par son double prestige de philanthrope généreux et de savant expérimenté, il sait tirer parti du désir du gouvernement brésilien de peupler le Sud du pays pour pallier les pertes démographiques dues aux guerres avec l’Argentine et à la tentative de sécession des farrapos (les « loqueteux »). Il obtient, assez rapidement semble-t-il, deux concessions de terre dans la province de Santa-Catarina. L’une dans l’île de Santa Catarina, non loin de Nossa Senhora do Desterro, aujourd’hui Florianópolis, la capitale de la province ; l’autre, plus au nord, sur la côte, dans une presqu’île qui fait face à l’île de São Francisco, la péninsule du Sahy, aujourd’hui Saí. Il obtient aussi un prêt avantageux du gouvernement, et même des subventions, pour le voyage et l’installation des premiers colons. Le climat relativement tempéré du Santa-Catarina doit réjouir le docteur Mure qui attache toujours une grande importance à l’hygiène et à la santé de ses phalanstériens. Dès cette époque, il sait éveiller chez un notable de la province, le colonel Oliveira Camacho, une bienveillante sympathie pour son projet communautaire.

Michel Derrion au Brésil

De leur côté, les membres de l’Union industrielle restés en France, agissant sous la direction de Michel Derrion et de son ancien associé Joseph Reynier, auquel s’était joint à Paris un certain docteur Arnaud (ou Arnoult, selon le Maitron), recrutent activement, selon les lois harmoniques de la doctrine sériaire, les futurs colons. C’est principalement Joseph Reynier, homme très actif et prestigieux dans les milieux ouvriers et socialistes de la région lyonnaise, qui sait réunir les divers métiers nécessaires, dans la proportion requise, pour créer la vie dans un phalanstère. Au total cent dix personnes, hommes, femmes et enfants, constituent le premier convoi, avant-garde du premier phalanstère américain. Réunis à Paris, en septembre 1841, ils se dirigent vers Le Havre, non sans avoir effectué préalablement un pèlerinage sur la tombe de Fourier au cimetière de Montmartre. Avec Michel Derrion à leur tête, ils s’embarquent, le 11 octobre 1841, sur le brick La Caroline, en direction de Rio de Janeiro. On imagine sans peine l’enthousiasme de ces aventuriers pacifiques partant pour la Terre promise du Nouveau Monde. Des chants et des poèmes d’espoir, débordants de ferveur religieuse, sont interprétés à cette occasion. « Un véritable romantisme ouvrier et social, religieux et fraternitaire, semble éclore et s’exalter à l’évocation de cette redécouverte du Nouveau Monde, à cette vision merveilleuse, à ce mirage de la Terre d’Amérique », écrit Jean Gaumont, à la page 115 de son Commerce véridique et social, en évoquant l’émotion du départ. Leur arrivée à Rio, où le Docteur Mure les attend, est aussi un grand moment d’enthousiasme. Les colons sont reçus par l’empereur. Cependant, avant même leur départ vers le Sud, vers la « terre des réalisations », cet enthousiasme fait place aux querelles et aux récriminations. Un grave malentendu divise les phalanstériens. Il concerne les statuts de l’Union industrielle. En effet, ceux qui ont été déposés auprès du consulat du Brésil sont les statuts d’une société par actions, dont les membres fondateurs détiennent la totalité des parts. Or une partie des phalanstériens les considèrent comme des statuts provisoires. Ils en ont d’ailleurs adopté d’autres, plus proches de l’idéal communautaire fouriériste, après le départ du docteur Mure. Celui-ci tient pour les anciens statuts qui font de lui « l’entrepreneur général de la colonie ». La trop grande dépendance financière du docteur Mure vis-à-vis du gouvernement brésilien, qui engage toute la communauté sans son accord, est particulièrement critiquée par les purs, par ceux qui ne veulent rien devoir à personne. Le groupe se scinde donc. Les uns suivent Mure et les autres Derrion. Bon prince, le gouvernement brésilien, manifestement intéressé au succès de l’expérience, arbitre la querelle. Il divise en deux la concession territoriale et rétrocède à Derrion une part du prêt fait à Mure. Il y a donc deux phalanstères au Santa-Catarina. L’un, celui de Mure, est baptisé phalanstère d’Oliveira, du nom du protecteur local de l’entreprise dans la Péninsule du Sahy, l’autre phalanstère du Palmital, selon le nom de la petite rivière qui borde les terres attribuées aux partisans de Michel Derrion, dans la partie nord de l’île de Santa Catrina. Ce dernier groupe se donne officiellement, malgré sa situation géographique, le nom d’Union industrielle maintenue ou Union industrielle du Sahy.

Pendant ce temps, les fouriéristes de l’Union industrielle de France déploient une grande activité pour soutenir la tentative brésilienne et recruter un autre groupe de colons. Le 15 janvier 1841, avant même le départ des premiers phalanstériens, un journal est fondé à cet effet, intitulé Le Premier phalanstère. Confié à la direction du lyonnais Simon Blanc, il est publié à Paris, du 15 janvier 1841 jusqu’au 15 décembre de la même année. L’Union industrielle, soutenue par l’agence coloniale du Brésil à Paris, ne lésine pas sur la propagande et fait paraître des annonces dans un grand nombre de publications, liées de près ou de loin au socialisme utopique. La nouvelle de la scission intervenue au Brésil ralentit beaucoup cet élan propagandiste et entraîne la séparation de l’Union industrielle française - on serait tenté d’écrire lyonnaise, bien qu’elle ait son siège à Paris - en deux comités de soutien. Néanmoins, cela n’empêche pas le départ d’un nouveau contingent de cent vingt émigrants, à bord du brick La Virginie, qui appareille de Dunkerque, le 1er septembre 1842, à destination du Santa-Catarina. A leur arrivée au Sahy, les nouveaux phalanstériens ont le choix de rejoindre l’une ou l’autre communauté.
Les nouveaux venus trouvent dans les deux établissements une situation économique précaire, à égale distance, semble-t-il, de la misère et de l’aisance médiocre. Le phalanstère de Derrion est un peu plus prospère que celui de Mure, à en juger par un rapport favorable à son extension qu’un député de la province de Santa-Catarina adresse à l’Empereur. Outre l’élevage et l’agriculture de subsistance, sa principale activité est le défrichement et l’exploitation du bois. Il dispose pour cela d’une scierie mécanique. C’est vers lui que se dirigea le troisième et dernier convoi d’émigrants qui quitta la France, sous la direction du docteur Arnaud, le 8 févier 1843. Le phalanstère du Palmital compte alors plus de deux cents membres, environ le double de celui du docteur Mure. Malheureusement, nous ne disposons pas pour le phalanstère du Palmital d’un document semblable au témoignage de Louise Bachelet sur celui du Sahy où elle séjourne durant l’été 1842. Il est seulement possible de dire que, dans les deux cas, les mêmes activités rurales assurent la difficile existence des colons. Nous ne savons pas, notamment, si Derrion emploie dans sa communauté, comme Mure dans la sienne, des ouvriers brésiliens pour les tâches les plus rudes.

Après le passage de Louise Bachelet, le phalanstère d’Oliveira périclite rapidement. Une lettre du lyonnais Escoffier, phalanstérien du Palmital, adressée à son compatriote Joseph Reynier, qui continue en France avec obstination l’œuvre propagandiste, nous apprend que l’autre phalanstère est en pleine « débâcle », que ses membres sont dispersés ou ralliés à l’Union industrielle du Sahy, au sein de laquelle règne l’« ordre et l’harmonie », mais où on avait néanmoins « beaucoup de peine » et pas mal de privations à supporter. Cette lettre est datée du 14 juin 1843. L’échec du phalanstère d’Oliveira, comme un peu plus tard celui du Palmital, ne semble pas dû à de nouvelles querelles intestines, du moins aucun document n’en fait état. La dureté des travaux et les difficultés de survie économique, de production et d’écoulement de la production, paraissent seules expliquer la fin de ces expériences. Malgré ces problèmes, nous savons, grâce à un discours prononcé le 7 avril 1846 à Rio de Janeiro par Michel Derrion à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la naissance de Fourier, qu’à cette époque-là son phalanstère du Palmital vit encore. On ignore la date de la fin de son activité.
Nous savons aussi qu’à ce banquet le docteur Mure est présent. En effet, une réconciliation des deux familles phalanstériennes issues de l’Union industrielle française a eu lieu. D’abord annoncée à tort par Joseph Reynier, qui prend ses désirs pour des réalités, dans le numéro du 1er juin 1843 du Nouveau Monde, elle n’intervient réellement qu’en 1846, alors qu’un des deux phalanstères n’existe déjà plus. Il faut pour cela le rapprochement des deux chefs, qui est lui-même certainement en rapport avec leur ralliement commun - Derrion d’abord, Mure ensuite - à l’orthodoxie fouriériste incarnée par Victor Considerant. La Démocratie pacifique, qui jusqu’alors a dédaigné de parler des fouriéristes du Brésil et de leurs tentatives, commence à donner de leurs nouvelles. Ainsi, son numéro du 19 juillet 1846 nous apprend que les deux anciens associés lyonnais se retrouvent au banquet donné à Rio de Janeiro le 7 avril 1846 et que Derrion y rend hommage au docteur Mure.

Désormais, les fouriéristes de Rio ne constituent plus qu’un seul groupe. Nous savons, toujours grâce à La Démocratie pacifique, qu’ils continuent à militer. Ils cotisent tous à la « Rente de l’Ecole », souscrivirent cinq cents reis pour offrir une médaille à Eugène Sue et cinq cents autres pour la tombe de Flora Tristan. Michel Derrion survit en donnant des leçons de musique et collabore au journal carioque O Socialista da província do Rio de Janeiro en même temps que Mure et que Tandonnet, qui est alors de passage à Rio. En outre, il fonde, en 1849, une bibliothèque sociétaire. Il meurt à Rio de Janeiro le 12 mars 1850, lors d’une épidémie de fièvre jaune. Selon le phalanstérien Huré, qui l’assiste sur son lit de mort, ses dernières paroles sont pour affirmer sa fidélité à la doctrine de Fourier et son amitié pour Victor Considerant.
Sa mort précoce, à quarante-deux ans, porte témoignage d’une existence de militant infatigable et dévoué, porté par la foi humanitaire des phalanstériens, une foi qui se traduit par un indéniable charisme. Ce charisme lui permet de faire partager son espérance et de recruter des militants qui le suivent dans ses entreprises de commerce véridique et dans sa tentative de construire un monde nouveau au Nouveau Monde.