Né le 21 juin 1801 à Civitavecchia (alors dans les États pontificaux, aujourd’hui en Italie), décédé le 8 mars 1869 à Milan (Italie). Peintre, dessinateur et graveur, professeur à l’École de gravure de Bruxelles, puis à l’Académie des beaux-arts de la même ville, et enfin à l’Académie de Brera à Milan. Auteur d’une gravure représentant Charles Fourier.
Luigi Calamatta est le fils d’un militaire. Il se retrouve dès l’âge de 7 ans
orphelin de père et de mère. Il est élevé par un oncle, puis placé à Rome où il suit des cours de gravure [1]. Au début des années 1820, il s’installe à Paris et travaille avec le peintre Ingres. En 1827, il présente au Salon une première œuvre, Bajazet et le berger, d’après un tableau de Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy. Dix ans plus tard, le Vœu de Louis XIII, réalisé à partir de la peinture d’Ingres lui vaut une certaine notoriété ; il reçoit la Légion d’honneur et il est recruté pour enseigner la gravure à Bruxelles dans une école récemment créée [2].
Pendant une dizaine d’années, il réside environ six mois en Belgique, pour son enseignement, et six mois en France. Il se marie en 1840 avec Joséphine Rochette, artiste peintre et fille de Raoul Rochette, spécialiste de l’Antiquité et conservateur à la Bibliothèque royale après avoir enseigné à la Sorbonne ; en 1842, naît leur fille Marceline, dite Lina [3].
Auteur de nombreux portraits, Calamatta grave celui de Fourier d’après le tableau peint par Jean Gigoux. On ne lui connaît par ailleurs aucune autre intervention au service de la cause fouriériste. Il est donc difficile de savoir si ce travail est lié à des relations qu’il aurait nouées avec des membres de l’École sociétaire, ou bien s’il est le résultat d’une commande commerciale.
Cette gravure est diffusée par la Librairie sociétaire à partir du printemps 1846 [4]. Les disciples de Fourier peuvent l’admirer dans plusieurs villes de France, lors des banquets organisés le 7 avril 1846 pour célébrer l’anniversaire de la naissance de Fourier. À Paris,
vingt épreuves du beau portrait de Fourier, gravé par M. Calamatta, d’après le tableau de M. Jean Gigoux, ornaient la salle du banquet. Les disciples se pressaient pour contempler la noble tête du penseur [5].
À Clermont-Ferrand,
un portrait de Fourier, gravé par Calamatta […] surmonté d’une couronne d’immortelles et entouré de lauriers, dominait la réunion [6].
De même, les phalanstériens de Blois
ont admiré ce noble front, tous ont remarqué cette expression d’amertume répandue sur ses traits et qui rappelle les longues souffrances du cœur et de l’intelligence de notre maître [7].
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Victor Hennequin, lors de l’une de ses tournées en province, apporte la gravure à Semur (Côte-d’Or) ; il la transmet à son condisciple Jean Jacques Collenot qui se montre « fort satisfait de l’expression de la tête » [8]. L’œuvre de Calamatta reste présente dans les banquets les années suivantes, par exemple à Alger en 1848, où l’on admire « la noble image de Fourier due au burin de Calamatta » [9] ; et La Démocratie pacifique continue à la proposer pour les « étrennes phalanstériennes » [10]. Elle est encore mentionnée en 1860, à côté du buste de Fourier par Ottin, dans le catalogue de la Librairie sociétaire, qui propose des « épreuves sépia, sur chine, sur blanc ». On peut aussi commander une « copie lithographiée de la précédente gravure par Couturier (de Chalon-sur-Saône) » [11].
Calamatta, devenu professeur à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles en 1848 s’installe complètement dans la capitale belge ; il y vit séparé de son épouse, mais avec sa fille [12]. Il effectue des séjours en Italie et en France, notamment à Nohant chez George Sand, dont le fils Maurice épouse Lina en 1862. Admis dans plusieurs sociétés savantes [13], il reçoit de nombreuses décorations [14].
Il est un partisan de l’unité italienne et un admirateur de Garibaldi. En 1861, après la proclamation du royaume d’Italie, il quitte la Belgique et s’établit à Milan où il enseigne la gravure jusqu’à son décès en 1869.
[1] Les informations sur sa biographie et sa carrière viennent principalement de Louis Alvin, « Notice sur Louis Calamatta », Annuaire de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux -arts de Belgique, 1882, p. 219-238.
[2] Ibid., p. 220-221 ; et Christophe Grandemange, Lina Sand, l’ange gardien de Nohant, Sarzay, La Gare des mots, 2018 (2e éd.), p. 24.
[3] Lina Calamatta épouse en 1862 Maurice Sand, le fils de l’écrivaine George Sand. Voir Christophe Grandemange, Lina Sand…, op. cit.
[4] École normale supérieure, carton 3, dossier 5, chemise 1, ministère de l’Intérieur, imprimerie et librairie, dépôt des estampes, planches gravées et lithographiées, certificat du dépôt d’un portrait en pied de Fourier par Calamatta, 6 avril 1846.
[5] La Démocratie pacifique, 8 avril 1846.
[6] Le 7 avril 1846. Banquet donné à Clermont, en commémoration de la naissance de Fourier, Clermont-Ferrand, Imp. de Perol,1846, p. 3.
[7] La Démocratie pacifique, 24 mai 1846.
[8] Jean-Claude Sosnowski, « Collenot, Jean-Jacques », Dictionnaire biographique du fouriérisme, notice mise en ligne en mars 2013 : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1147 (consultée le 9 mars 2019).
[9] Le Phalanstère en Algérie – Banquet du 7 avril 1848.- Journée électorale du 9 avril.- Plan d’organisation du travail (Statuts de l’Union agricole d’Afrique), Alger, Imp. de A. Bourget, 1848, p. 5-6.
[10] La Démocratie pacifique, 1er et 2 janvier 1849.
[11] Archives nationales, F/18/1734, dossier de libraire d’Aimée Beuque, catalogue daté de juillet 1860.
[12] Christophe Grandemange, Lina Sand…, op. cit., p. 27.
[13] Membre associé de l’Académie royale de Belgique (1847) ; correspondant de l’Institut de France (1848) ; membre de l’Académie de Florence (1852) et de l’Académie de Saint-Luc à Rome (1858). D’après Louis Alvin, « Notice sur Louis Calamatta », article cité, p. 224, note 2.
[14] Il est chevalier (1837) puis officier (1855) de la Légion d’honneur ; chevalier de l’ordre de Léopold de Belgique (1850) ; commandeur de l’ordre de Charles III d’Espagne (1857) ; chevalier (1860) puis officier (1866) de l’ordre de saint Maurice et Lazare ; chevalier de l’ordre civil de Savoie (1863). D’après Louis Alvin, « Notice sur Louis Calamatta », article cité, p. 224, note 1. Calamatta est cependant absent de la base Leonore qui recense les titulaires de la Légion d’honneur.
Œuvres :
Voir la « Liste générale de l’œuvre du graveur Louis Calamatta », Annuaire de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux -arts de Belgique, 1882, p. 233-238 (en ligne sur archive.org).
Sources :
Archives nationales, F/18/1734, dossier de libraire d’Aimée Beuque.
École normale supérieure, carton 3, dossier 5, chemise 1, ministère de l’Intérieur, imprimerie et librairie, dépôt des estampes, planches gravées et lithographiées, certificat du dépôt d’un portrait en pied de Fourier par Calamatta, 6 avril 1846.
Archives de la ville de Paris,V3E/M 158, état civil reconstitué, acte de mariage, 1er décembre 1840 (en ligne sur le site des Archives de la ville de Paris, vue 39/51).
Archives de la ville de Paris,V3E/N 375, état civil reconstitué, acte de naissance, 26 juin 1842 (en ligne sur le site des Archives de la ville de Paris, vue 37/51.
Charles Blanc, Les artistes de mon temps, Paris, F. Didot, 1876, « Calamatta 1802-1870 [sic] », p. 102-128 (en ligne sur Gallica).
Le 7 avril 1846. Banquet donné à Clermont, en commémoration de la naissance de Fourier, Clermont-Ferrand, Impr. de Perol,1846, 16 p.
Le Phalanstère en Algérie – Banquet du 7 avril 1848.- Journée électorale du 9 avril.- Plan d’organisation du travail (Statuts de l’Union agricole d’Afrique), Alger, Imp. de A. Bourget, 1848, 56 p.
La Démocratie pacifique, 19 et 27 avril, 24 mai 1846, 1er et 2 janvier 1849.
Bibliographie :
Louis Alvin, « Notice sur Louis Calamatta », Annuaire de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1882, p. 219-238 (en ligne sur archive.org).
Gwendoline Denhaene, « Le buriniste Luigi Calamatta », Revue belge d’archéologie et d’histoire de l’art, 2009, vol., p. 69-92.
Rosalba Dinoia, Luigi Calamatta (1801-1869). L’uomo, l’artista, le opere. Temi per una analisi critica, Università degli studi della Tuscia di Viterbo, thèse de doctorat, s. d. (2010 ?), 309 p. (thèse en ligne).
Christophe Grandemange, Lina Sand, l’ange gardien de Nohant, Sarzay, La Gare des mots, 2018 (2e éd.), 180 p.
Iconographie :
David Joseph Desvachez, portrait de Calamatta d’après un dessin de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1828), Bruxelles, 1858 (en ligne sur Gallica).
Joseph Demannez, portrait de Calamatta d’après un tableau peint vers 1845 par son épouse, Joséphine Raoul-Rochette, reproduite au début de la notice de Louis Alvin, « Notice sur Louis Calamatta », Annuaire de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux -arts de Belgique, 1882, p. 219 (en ligne sur archive.org).
Atelier Nadar, photographie de Calamatta d’après des prises de vue réalisées entre après 1855, Paris, vers 1900 (en ligne sur Gallica) (plusieurs tirages sont disponibles sur Gallica).
Sitographie :
Jean-Claude Sosnowski, « Collenot, Jean-Jacques », Dictionnaire biographique du fouriérisme, notice mise en ligne en mars 2013 : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1147 (consultée le 9 mars 2019).
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