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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Guizou, Jean-Baptiste (Lazare Valentin)
Article mis en ligne le 7 juin 2018
dernière modification le 8 juillet 2018

par Desmars, Bernard

Né le 13 février 1799 à Marseille (Bouches-du-Rhône), décédé le 31 mars 1881 à Marseille. Négociant, puis rentier. Membre et animateur du groupe phalanstérien de Marseille, correspondant du Centre parisien de l’École sociétaire, propagandiste du fouriérisme, abonné à La Science sociale et au Bulletin du mouvement social.

Fils d’un fabricant de bas, Jean-Baptiste Guizou

est négociant en 1826 quand il se marie avec Delphine Dor, fille d’un courtier. D’après des déclarations tardives, il adhère aux idées fouriéristes dans les années 1830 [1]. Cependant, la correspondance entre le groupe phalanstérien de Marseille et le Centre parisien de l’École sociétaire est assurée sous la monarchie de Juillet, la Deuxième République et une grande partie du Second Empire par Alfred Artaud, ce qui laisse les autres membres dans l’ombre.
Toutefois, dans le compte rendu du banquet organisé le 7 avril 1847 à Marseille, Guizou est présenté comme « un des propagateurs les plus ardents de la doctrine » ; il prononce alors le toast suivant :

À Charles Fourier

Il a consacré sa vie à la recherche d’un milieu social en accord parfait avec la nature de l’homme. Au nom de l’humanité, saluons l’homme de génie qui a consacré ses nuits à l’étude de deux grandes lois de la nature :

La série distribue les harmonies,

Les attractions sont proportionnelles aux destinées.

Saluons les trois premiers disciples de Fourier : Just Muiron, Mme Clarisse Vigoureux et Victor Considerant. Par leur dévouement, leurs efforts et leurs sacrifices, ils se sont rendus dignes de leur maître. Aux orateurs phalanstériens qui ont exposé sur divers points la doctrine de l’association. Faisons des vœux pour en voir augmenter le nombre, et que la parole de Fourier soit bientôt annoncée à toutes les saines intelligences, à tous les nobles cœurs ! À tous nos amis, réunis aujourd’hui pour célébrer l’anniversaire de Fourier [2].

Correspondant marseillais du Centre sociétaire parisien

L’activité de Guizou au sein de l’École sociétaire est plus facile à observer à partir du milieu des années 1860. François Barrier et Jean-Baptiste Noirot tentent alors de réorganiser le mouvement fouriériste. Ils envisagent la création d’un périodique et adressent une circulaire à leurs condisciples dans laquelle ils les invitent à donner leur avis sur l’opportunité de cette initiative et sur le titre ; ils leur demandent aussi d’indiquer la façon dont ils pourraient contribuer au succès de cette initiative. Guizou est enthousiaste quant au lancement de ce périodique : « je ne saurais vous exprimer la grande satisfaction que m’a causée l’envoi de votre circulaire ». Le titre proposé dans la circulaire étant Revue théorique et pratique de la science sociale, Guizou exprime ses réticences, en particulier envers le mot « pratique » qui pourrait susciter des commentaires sarcastiques à propos des expériences de Condé-sur-Vesgre, de l’Union agricole d’Afrique et de Réunion au Texas, « car les civilisés ont toujours cru ou paru vouloir croire que ces trois essais étaient sérieux », alors que, ajoute-t-il, ils ne réunissaient pas les conditions nécessaires au succès. Enfin, Guizou promet de faire des abonnés à Marseille – il a déjà obtenu deux engagements, outre le sien ; il prévoit également que les coopératives, dont le nombre s’accroît, soutiendront ce périodique. Enfin, il demande qu’on lui envoie seize exemplaires du Familistère de Guise. Il s’agit probablement de la brochure publiée en 1865 par Alexandre Oyon [3].

La Science sociale sort finalement en mars 1867. Devenu le correspondant de l’École sociétaire à Marseille, Guizou centralise les abonnements et fait connaître les réactions des lecteurs : « tous les articles des sommaires ont été très appréciés par les lecteurs, même par ceux qui n’ont aucune notion de la doctrine ». Il fait aussi des suggestions sur l’organisation et le contenu de la publication afin d’élargir son lectorat et l’audience des idées fouriéristes ; il souhaite que La Science sociale devienne bientôt un quotidien (elle ne paraît que deux fois par mois) ; il aimerait aussi qu’à chaque numéro du périodique soit jointe une feuille de vulgarisation de la doctrine qui pourrait être distribuée à ceux qui ignorent ce qu’est la théorie sociétaire. « Cela aurait le double avantage, 1° de préparer bien des esprits, 2° d’amener successivement de nouveaux abonnés au journal ».

On entend répéter partout, où allons-nous ? on s’accorde généralement à reconnaître que notre époque appelle une reconstitution de la société sur des bases nouvelles. Cette feuille supplémentaire rédigée dans le sens de faire connaître les moyens de cette reconstitution, ne manquerait pas d’être reproduite par divers journaux, et porterait ainsi un enseignement fécond, qui, en nous donnant l’appui de l’opinion publique, permettra de reconstituer la souscription à la rente. Veuillez bien soumettre ces idées au comité de rédaction.

En avril 1867, le contenu de La Science sociale comble Guizou :

J’ai lu avec une joie au-delà de cette expression le compte rendu du 95e anniversaire du grand génie qui a découvert les lois de l’harmonie sociale et j’ai applaudi de bon cœur aux toasts chaleureux qui y ont été portés. Espérons que l’année prochaine cette manifestation solennelle aura lieu dans beaucoup d’autres villes [4].

Les fouriéristes marseillais organisent un banquet en avril 1868. Guizou en est l’un des principaux orateurs. Il porte d’abord un toast « à la mémoire immortelle de Fourier » ; puis il rend hommage à Just Muiron, Clarisse Vigoureux, Victor Considerant, « aux collaborateurs de l’école sociétaire, dont l’activité est consacrée à la propagation et à la défense de la théorie phalanstérienne » et « enfin à tous ceux qui portent leur concours et payent leur tribut à l’œuvre de Ch. Fourier ». Surtout, il appelle ses condisciples à agir :

Que de fortes résolutions se prennent donc sans ajournement ; que l’action commence immédiatement ; que le feu sacré s’attise de toutes parts. Seuls en ce siècle nous avons une foi, seuls nous avons un but, seuls nous connaissons la destinée de l’humanité et nous marchons dans sa voie ! Marchons donc ! marchons en avant, sans défaillance et sans inquiétude ; car Dieu est pour nous, et sa providence nous protège [5].

La Science sociale cesse de paraître dans l’été 1870 en raison de la guerre contre la Prusse, puis l’Allemagne. Adolphe Jouanne, le fondateur de la Maison rurale d’expérimentation sociétaire à Ry (près de Rouen) crée un bulletin qu’il conçoit à la fois comme le nouvel organe de l’École sociétaire et l’instrument de développement de son pensionnat. Guizou soutient l’initiative de Jouanne car « tout membre de l’école sociétaire doit s’intéresser à cette œuvre [l’établissement éducatif] qui arrivera bientôt, espérons-le, à la démonstration du régime attrayant » ; d’ailleurs, « l’idée d’une réforme sociale appliquée à l’enfance a toujours été partagée par le groupe fondateur de l’école sociétaire » [6]. Enfin,

cette convulsion [la guerre] sera-t-elle enfin la dernière, sera-ce le dernier soupir de nos vieilles sociétés ? Oui, si tous les hommes dévoués à la doctrine se donnent pour tâche d’agir continuellement par la parole sur la sphère qui les environne ; si tous nos amis répandent les idées sans lesquelles on tenterait en vain de résoudre le problème social ; enfin, si tous les partisans de la cause font, ainsi que vous [Jouanne], habilement et vigoureusement leur devoir [7].

Ce soutien au fondateur de la Maison rurale, qui ne se prolonge pas au-delà du printemps 1871, se concrétise par l’envoi de deux sommes modestes, 6 et 4 francs [8].

Organisation et propagande

Guizou joue un rôle central dans le rassemblement des fouriéristes phocéens à la fin des années 1860 et au cours de la décennie suivante. C’est à cet « apôtre ardent et convaincu » que l’on doit « la reconstitution du groupe marseillais », déclare Artaud en 1875 [9]. À nouveau, les fouriéristes locaux se réunissent lors de banquets pour célébrer Fourier, comme dans les années 1840. Lorsque Laurent Spiess décède, c’est Guizou qui prononce un discours au nom de ses condisciples au bord de la tombe [10].

Jean-Baptiste Guizou s’efforce de développer des relations avec les coopératives et les mouvements d’éducation populaire. Il adresse à la rédaction de La Science sociale les statuts d’une boulangerie coopérative formée au printemps 1867 [11]. Dans l’hiver 1868-1869, il commence le dimanche après-midi un cours de « science sociale » ou de « sociologie » à l’Association phocéenne (un des deux cercles marseillais de la Ligue de l’enseignement) [12] ; il dispense ce cours pendant quinze mois [13]. Il commande à la Librairie des sciences sociales une quinzaine d’ouvrages qu’il compte déposer à la bibliothèque de cette même Association phocéenne. On y trouve notamment Visite au phalanstère, de Mathieu Briancourt, Les Enfants au phalanstère de François Cantagrel, Les Amours au phalanstère de Victor Hennequin, Notions élémentaires de la science sociale de Fourier d’Henri Gorsse, etc. Il suggère l’envoi de La Science sociale à cette bibliothèque « en vue d’attirer de nouveaux abonnés » [14]. Après la fin des cours à l’Association phocéenne,

je continue à propager la doctrine sociétaire, individuellement et par la voie des deux journaux de la localité [15].

Il réussit à faire souscrire quelques abonnements et obtient quelques adhésions à la cause, par exemple celle d’Henri Gentil, un ouvrier tapissier venu faire des travaux chez lui ; ou encore celle du jeune Gabriel Gillet. Cependant, les résultats qu’il obtient à Marseille lui semblent insuffisants au milieu des années 1870 :

Les esprits y sont si préoccupés par le mercantilisme, chacun y est chargé de tant de soucis incessants qu’on ne trouve personne disposé à une étude qui ne rapporte rien, qui ne procure aucun avantage immédiat, qui n’est pas propre à vous pousser et faire bien venir dans le monde.

D’autre part, les ouvriers absorbés par un travail pénible, prolongé, cherchent des divertissements dans les cabarets, brasseries, cafés, cercles et théâtres, et n’ont […] disent-ils, aucun moment pour se livrer à l’étude de nos livres.

Aussi place-t-il ses espoirs dans le monde rural.

À la campagne, les travaux matériels terminés, les paysans ont des loisirs, à l’époque surtout où le sol demande moins de labeur. La constitution des groupes y est plus facile. Dans les longues soirées de l’hiver, il se forme des réunions par chambrées qui favoriseraient les lectures et les conversations dont profiteraient les femmes. Par la nature de leurs travaux, les cultivateurs comprendront mieux que les habitants des villes, tous les avantages que doit produire le procédé d’association, tous les bienfaits d’économie, de bonne gestion, d’union de l’intérêt individuel à l’intérêt collectif.

Guizou souhaite l’édition d’un ouvrage adapté à cette population :

La publication d’un petit manuel à l’usage des hommes de la campagne, du prix de 15 à 20 centimes, et répandu dans les localités agricoles par tous nos amis, serait un puissant moyen de conquête.

L’auteur de ce livre décrirait toutes les misères de l’agriculture, les entraves du morcellement, tous les fléaux causés par les intempéries outrées, l’insuffisance des capitaux, etc. Il aborderait ensuite le problème de l’association agricole et industrielle [16].

En attendant, Guizou commence à faire du prosélytisme dans les campagnes provençales ; il essaie de trouver des relais afin « de faire connaître dans les petites localités le procédé d’association et appeler l’attention sur le nom de Fourier ». Il indique la façon dont il procède, notamment dans le Var.

Je demandai à un ouvrier sortant de la campagne s’il connaissait dans son village un homme ami du progrès social et capable d’embrasser les idées nouvelles et il m’en désigne un à qui j’adresse deux bulletins et trois livres préparatoires.

Ces trois livres sélectionnés par Guizou et pouvant « constituer une petite bibliothèque phalanstérienne à l’usage des commençants » sont : Petit cours de politique et d’économie sociale de Victor Considerant [17] ; L’organisation du travail et l’association de Mathieu Briancourt, et Exposition abrégée du système phalanstérien de Fourier de Considerant.

Chaque envoi fut fait à 3 ou 4 jours d’intervalle après lesquels une lettre lui motivait le but de cet envoi et l’excitait à faire circuler les livres.

Celui qui reçoit un livre sans savoir par qui, est naturellement prévenu en sa faveur, il se croit quelqu’un, par conséquent disposé à le lire et le communiquer à ses amis [18].

Quels sont les résultats de cette opération ?

Ces mesures […] ont eu un certain succès ; déjà on me signale des hommes qui agissent énergiquement pour la propager [la théorie sociétaire]. L’un d’eux plein de zèle et du dévouement rendra d’éminents services à notre cause. Cet adepte qui sera l’apôtre du Var, est un photographe ambulant parcourant les communes de ce département pour y exercer sa profession et y semer des germes qui porteront incontestablement des fruits [19].

À Varages (Var), en particulier, un groupe s’est constitué pour lire et étudier des ouvrages fouriéristes et en particulier Solidarité d’Hippolyte Renaud. L’animateur de ce groupe, César James correspond avec Guizou, puis s’abonne au Bulletin du mouvement social [20].

Les critiques envers le Centre parisien de l’École sociétaire

Guizou reproche à ses condisciples leur manque de zèle dans la diffusion du fouriérisme. « Les anciens phalanstériens sont presque tous tombés dans une apathie absolue, et quoique attachés à leurs convictions, ils les nourrissent en silence ; cette inertie dépasse tout ce qu’on peut imaginer » [21].

Il semble aussi incriminer ceux qui pourraient porter les idées fouriéristes dans le débat public :

L’année 1877 sera-t-elle favorable à nos idées ? On pourrait l’espérer, si nos condisciple qui siègent à l’assemblée, ne se laissant pas aller dans les voies agitées de la politique où nos idées calmes ont bien peu de chances à se produire utilement, avaient à cœur de signaler la doctrine et le nom de Fourier, et si les partisans sincère des réformes sociales, qui cherchent les solutions où elles ne sont pas, ou ne les abordent que par le mauvais bout, ne laissaient pas dans l’ombre des vérités fécondes [22].

Il critique aussi le nouveau périodique sociétaire, le Bulletin du mouvement social, qui paraît à partir de 1872 et qui, sous la direction de Charles Limousin, s’ouvre davantage aux autres écoles socialistes et surtout aux mouvements coopératif et mutualiste. Plusieurs fouriéristes marseillais – et Guizou se fait leur porte-parole – critiquent cette évolution et suspendent leur abonnement fin 1873 ou début 1874 [23].

Nous préférons, m’ont-ils dit, employer cet argent à des livres de propagande et les faire circuler plutôt qu’à un organe de publicité, s’il laisse dans l’ombre des vérités fécondes que l’on ne saurait trop mettre en crédit dans l’opinion.

Toutefois, affirme Guizou, si le Bulletin du mouvement social insère

dans chaque numéro un article conforme à nos principes, [ces fouriéristes] se décideraient à reprendre leur abonnement et à vous procurer des abonnés nouveaux, car agissant tous avec activité, ils répandent la doctrine dans diverses localités et se donnent pour tâche de pousser vigoureusement la propagation.

La fronde se prolonge dans les deux ou trois années suivantes :

Nos amis me disent souvent que le Bulletin du mouvement social, qui est censé [être] l’organe de l’École sociétaire, devrait avoir son caractère phalanstérien plus franchement accusé, insérer des articles dogmatiques sur la doctrine, et ne pas donner le pas sur elle aux prétendues œuvres de garantisme, syndicats, sociétés, coopératives, etc. Je partage complètement leur opinion à cet égard, et c’est aussi celle des condisciples avec lesquels je corresponds. Sans adopter une tendance systématique et exclusive vers la doctrine, il serait toujours bon de la mettre en évidence sur quelques points de détail, car abandonner l’association et l’essai méthodique pour se jeter dans la coopération et dans les tentations de garantisme, c’est à mon sens, marcher à la façon de l’écrevisse sur la route du progrès [24].

Lui-même ne renouvelle pas son abonnement. Cyprien Spiess, qui le rencontre à Marseille en novembre 1875 lors des obsèques de son frère Laurent, le présente ainsi :

il faut vous dire qu’il est provençal et vif en tout comme il l’est pour la propagande de nos idées et il faut faire un peu ses volontés […]. Notre ami est vraiment taillé pour un apôtre de la science de Fourier. Il ne passe pas un jour sans voir une douzaine de personnes qu’il est en train de convertir. On vient de le consulter pour l’organisation d’une société coopérative, aussitôt il a donné des modèles de tenue de livres et des plans dans lesquels il a mis en avant les principes de Fourier. Les membres de la société ont de suite acheté cinq petits traités pour le commencement de leur bibliothèque. Guizou ira souvent dans leurs réunions pour les instruire et les encourager. Il faut que je vous dise que notre ami possède l’ambition d’être regardé comme un bon propagateur de Fourier [25].

Guizou annonce alors à Cyprien Spiess son intention de se réabonner et de commander les numéros parus antérieurement, ce qu’il fait au début de l’année 1876. Il fait également venir à Marseille des ouvrages publiés par ses condisciples : L’Association, son emploi rationnel (1867) d’Étienne Barat, et le Projet de caisse de retraite pour les ouvriers (1876) de Paul Émile Laviron [26].
En janvier 1879, il écrit sa satisfaction après avoir lu deux articles qui « font concevoir à nos amis dont le nombre s’accroît, l’espérance que cette feuille aura désormais, un caractère phalanstérien plus franchement accusé et que le nom et le langage du maître y figureront plus souvent » [27]. Aussi renouvelle-t-il son abonnement pour six mois [28]. Cependant, en juin suivant, il refuse de renouveler son abonnement pour six nouveaux mois, sans apporter d’explication [29]. Il continue cependant à faire de la propagande avec des entretiens individuels ; il amène ainsi au groupe phalanstérien un jeune homme de 19 ans, « possédant la connaissance de la théorie phalanstérienne et plein de zèle pour la propager » [30].
Il est en relation avec Emmanuel de Asarta, qui s’efforce de propager le fouriérisme en Italie et qui organise un groupe phalanstérien à Gênes [31]. Il souhaite que les deux Écoles, française et italienne,

se concerteront pour agir sur le monde ambiant et nous amener des renforts pour accroître la puissance de l’idée sur laquelle repose le salut de l’humanité, et sans laquelle on tenterait en vain de résoudre le problème social [32].

Il propose d’ailleurs la publication dans La Pace sociale, l’organe des fouriéristes italiens, de textes théoriques français, avec une traduction en italien ; cela pourrait attirer « les lecteurs désireux de s’instruire sur les principes de la langue française » ; et « si les résultats de ce mode de propagation étaient reconnus bons, on l’essaierait chez d’autres nations où des écoles sociétaires seraient fondées » [33].
Il assiste au banquet du 7 avril 1880 à Marseille

Au dessert, M. Guizou qui, malgré ses 80 ans, est toujours plein de feu pour la sainte cause […] ; M. Guizou a fait ressortir la solidité et la fécondité des principes établis par Fourier, ainsi que l’étrange duperie des hommes qui refusent d’examiner des moyens capables d’apporter à leur sort de si heureux changements. Il a en terminant conjuré les convives de propager avec zèle et persévérance l’idée libératrice [34].

Sans doute l’existence d’un groupe phalanstérien actif à Marseille jusqu’au milieu des années 1880 est-elle en grande partie le résultat de l’activité de Guizou.