Pharmacien à Saint-Louis du Sénégal. Abonné à La Démocratie pacifique en 1848.
Correz est un pharmacien et un républicain. En 1848, il répond à un « appel en faveur de l’émancipation de l’Italie » et s’engage dans une « légion franco-italienne » constituée au printemps 1848 à Paris [1]. Mais l’évolution politique ôte toute utilité à cette légion, surtout quand, début octobre, le gouvernement sarde déclare ne pas vouloir recourir à des corps volontaires [2].
D’après François-Pierre Ricard, un ami de Correz,
cette légion devint un embarras […] et on offrit, aux jeunes gens qui en faisaient partie, le passage pour se rendre dans les colonies où ils pourraient être utilisés.La ville de Saint-Louis désirait un pharmacien. Le gouverneur du Sénégal se trouvait à Gorée, au moment où passait le navire de l’État qui portait nos jeunes gens vers leur destin problématique ; il fit demander si parmi eux ne se trouvait pas un pharmacien diplômé, M. Correz se présenta [3].
Correz s’installe donc comme pharmacien à Saint-Louis. Prosper Bancal, dans sa correspondance avec l’École sociétaire, le mentionne en novembre et en décembre 1848 parmi ceux qui s’abonnent à La Démocratie pacifique [4]. On ne le voit plus ensuite dans la documentation fouriériste.
« Après avoir gagné un petit avoir » grâce à sa pharmacie, Correz rentre ensuite en métropole ; mais « il lui était devenu difficile de vivre loin du Sénégal » et il se réinstalle à Saint-Louis.
Dans les années 1850, les autorités de la colonie souhaitent développer les cultures industrielles. Correz reçoit une concession d’une vingtaine d’hectares, vers Dagana, où il fait des expériences sur l’indigo. Il apporte lui-même à Paris, en 1857, puis envoie en 1859, quelques échantillons qui retiennent un moment l’attention de la direction des teintures de la manufacture des Gobelins. Il est récompensé par une médaille d’argent au concours national d’agriculture en juin 1860 [5].
Il expose deux échantillons lors de l’Exposition universelle de Londres de 1862 dans la catégorie « Substances végétales employées dans les manufactures » et reçoit une autre médaille [6]. Mais la qualité reste inférieure à la production issue d’autres contrées, et Correz abandonne ses recherches sur l’indigo [7].
[1] Légion franco-italienne. Appel en faveur de l’émancipation de l’Italie, signé par les commandants supérieurs Bonnefond et Pontécoulant, Paris, Impr. de Lacrampe et Fertiaux, s. d. [1848], affiche.
[2] Réponse du ministère italien à un délégué de Bonnefond, 2 octobre 1848, reproduite notamment dans La Presse, 16 octobre 1848.
[3] François-Pierre Ricard, Le Sénégal, étude intime, Paris, Challamel aîné, 1865, p. 296.
[4] Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 36 (681 Mi 57, vues 198-200 et 202), lettre de Bancal, 9 novembre et 28 décembre 1848. Bancal écrit fautivement « Corrèze ».
[5] Journal des débats, 5 juin 1858 ; Archives nationales, F/21/670, Manufacture des Gobelins, résultat des expériences faites sur des indigos fabriqués au Sénégal par le pharmacien Correz, 1859 ; Revue algérienne et coloniale, novembre-décembre 1859, p.91 ; Jules Duval, « Sénégal », Annuaire encyclopédique, 1861, col.1593.
[6] Revue maritime et coloniale, tome IV, janvier-avril 1862, p. 658-659 et tome VI, septembre-décembre 1862, p. 72.
[7] François-Pierre Ricard, Le Sénégal…, p. 296-297.
Sources :
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 36 (681 Mi 57, vues 198-200 et 202), lettre de Bancal, 9 novembre et 28 décembre 1848.
Archives nationales, F/21/670, Manufacture des Gobelins, administration, correspondance.
Légion franco-italienne. Appel en faveur de l’émancipation de l’Italie, signé par les commandants supérieurs Bonnefond et Pontécoulant, Paris, Impr. de Lacrampe et Fertiaux, s. d. [1848], affiche.
Le Journal des débats, 5 juin 1858.
La Presse, 16 octobre 1848.
Revue algérienne et coloniale, novembre-décembre 1859.
Revue maritime et coloniale, janvier-avril 1862 et septembre-décembre 1862.
Annuaire encyclopédique, 1861, « Sénégal », col. 1589-1593.
François-Pierre Ricard, Le Sénégal, étude intime, Paris, Challamel aîné, 1865, 431 p.
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