Né le 15 février 1767 à Vireux (Ardennes), décédé le 18 mai 1835 à Bertrange (Moselle). Soldat dans l’armée royale, puis officier des armées révolutionnaires et napoléoniennes ; général de brigade et baron de l’Empire à partir de 1809 ; en retraite en 1815. Conseiller municipal de Bertrange et conseiller général de la Moselle. Abonné au Phalanstère.
Antoine Joseph Bertrand entre en 1784 dans l’armée royale comme simple soldat à l’âge de 17 ans ; il rejoint un régiment d’artillerie où l’un de ses parents est lieutenant-colonel. Mais, apparemment déçu par la lenteur de son avancement, il renonce en février 1791 à la carrière militaire. La France étant menacée par plusieurs monarchies européennes, il reprend du service quelques mois plus tard au sein d’un bataillon de volontaire(s) dans les Ardennes. Nommé sous-lieutenant en août 1791, il gravit peu à peu les échelons de la hiérarchie et accède au capitanat en 1793. Il se marie en 1794. Il participe aux guerres révolutionnaires puis à plusieurs campagnes napoléoniennes en Prusse, en Autriche et en Russie. Fait chevalier de la Légion d’honneur en février 1804, il est promu officier en juin de la même année. En 1808, il reçoit le titre de baron de l’Empire ; la même année, il est nommé général de brigade et commandeur de la Légion d’honneur ; il acquiert un ancien bien national, un château situé à Bertrange (Moselle).
Placé en non activité après la première Restauration, il reprend du service pendant les Cent-Jours dans les armées de Napoléon 1er ; il est blessé devant Belfort. Admis à la retraite en septembre 1815, il se retire sur son domaine de Bertrange. Il doit toutefois affronter pendant trois années l’ancien propriétaire du château, le comte de Gestas, qui tente de récupérer ses biens devant le tribunal administratif de la Moselle, puis le conseil d’État [1]. Le contentieux est réglé en 1819 au profit de Bertrand, que le préfet nomme conseiller municipal de Bertrange la même année [2]. En 1830, il est très favorable à l’arrivée de Louis-Philippe sur le trône. Il aurait alors « offert [ses] services et sollicité de l’emploi sitôt que la révolution de Juillet [lui] a été connue » [3]. En 1831, il est affecté au cadre de réserve ; « mais des infirmités graves, suites d’une blessure […] reçue dans la campagne de 1815, [le] mettent dans l’impossibilité de servir » [4]. Il continue à faire partie du conseil municipal de Bertrange, désormais désigné au suffrage censitaire. Il est l’un des conseillers les mieux élus [5]. Il est nommé conseiller général de la Moselle pour les sessions de 1831 et 1832 [6]. Du reste, l’orientation conservatrice de la monarchie de Juillet lui déplaît. Selon l’un de ses amis :
en 1789, il avait salué avec enthousiasme l’aurore de la liberté ; en 1830, il vit avec un orgueil national la révolution de Juillet qu’il avait appelée de tous ses vœux et préparé comme tant d’autres dans les élections et par la voie de la légalité ; mais il fut bientôt désabusé de ces douces et brillantes illusions, et il éprouva un chagrin mortel d’être obligé à son âge de recommencer une opposition qu’il croyait enfin terminée, contre ses anciens amis devenus ses adversaires politiques [7].
Un de ses contemporains décrit ainsi ses opinions politiques :
Patriote éclairé, sans exaltation, il partageait les sentimens [sic] de Benjamin Constant et de Lamarque dont il était l’ami [8].
Il est abonné au premier périodique fouriériste, La Réforme industrielle ou le Phalanstère au moins à partir de juillet 1833 [9]. En janvier 1834, il écrit à la rédaction pour signaler qu’il n’a pas reçu le dernier numéro :
Ne doutant pas que cet oubli ne soit involontaire, je vous en donne avis en vous priant de le réparer le plus tôt possible.L’intérêt que je porte à M. Fourrier [sic] et au succès de son système me ferait beaucoup regretter la perte de ce numéro [10].
Cet abonnement et ce courrier constituent les seules manifestations connues de ses liens avec le fouriérisme.
[1] André Gain, « De la Lorraine au Brésil. Les derniers seigneurs de Bertrange », Mémoires de l’Académie nationale de Metz, 1930, p.135-240.
[2] Archives départementales de la Moselle, 70 ED 1D3, registre des délibérations du conseil municipal, 1808-1835, Bertrand entre au conseil municipal lors de la séance du 10 octobre 1819.
[3] Service historique de la défense, GBR 8 YD 1177, dossier militaire, lettre du 16 avril 1831 adressée à « M. le maréchal ».
[4] Service historique de la défense, GBR 8 YD 1177, dossier militaire, lettre du 16 avril 1831 adressée à « M. le maréchal ».
[5] Archives départementales de la Moselle, 70 ED 1D3, registre des délibérations du conseil municipal, 1808-1835. Transcription des procès-verbaux de l’« assemblée des électeurs communaux », p.136-137 (élection générale de 1832) et p.154 (renouvellement partiel de 1834).
[6] Annuaire de la Moselle pour l’année 1831, p.123 ; Annuaire de la Moselle pour 1832-1833, p. 143.
[7] Courrier de la Moselle, 26 mai 1835, reproduction du discours prononcé par Arnoult lors des obsèques de Bertrand.
[8] Annuaire historique et statistique du département de la Moselle pour l’année 1836, p. 86-87, nécrologie de Antoine-Joseph Bertrand.
[9] Jean-Claude Sosnowski, « Liste d’abonnés au journal Le Phalanstère pour l’année 1833 », charlesfourier.fr, rubrique « Réalisations et propagation », avril 2014, en ligne : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1306 (consulté le 20 février 2017) ; Liste établie d’après Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10AS 30 (681Mi49, vues 414-417).
[10] Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 36 (681 Mi 57, vue 373), lettre du 7 janvier 1834.
Sources :
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 36 (681 Mi 57, vue 373), lettre du baron Bertrand, 7 janvier 1834.
Archives nationales, dossier de la Légion d’honneur (en ligne sur la base Leonore).
Service historique de la défense (Vincennes), GBR 8 YD 1177, dossier militaire du général Bertrand.
Archives départementales de la Moselle, 70 ED 1D3, registre des délibérations du conseil municipal, 1808-1835.
Louis Martial, Notice biographique sur Bertrand (le baron Antoine-Joseph), Paris, Bureau du Panthéon biographique universel, 1854, 6 p. (extrait du Panthéon biographique universel).
Fastes de la Légion d’honneur. Biographie de tous les décorés, Paris, Bureau de l’administration, tome 4, 1846 (en ligne sur Gallica).
Annuaire du département de la Moselle, 1831, 1832-1833 et 1836.
Courrier de la Moselle, 26 mai 1835.
Bibliographie :
André Gain, « De la Lorraine au Brésil. Les derniers seigneurs de Bertrange », Mémoires de l’Académie nationale de Metz, 1930, p.135-240 (en ligne sur Gallica).
Fastes de la Légion d’honneur. Biographie de tous les décorés, Paris, Bureau de l’administration, tome 4, 1846 (en ligne sur Gallica).
Albert Révérend, Armorial du premier empire. Titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon 1er, Paris, bureau de l’Annuaire de la noblesse, 1894, tome 1.
Odette Voilliard et Michel Maigret, Grands notables du Premier Empire, Meurthe, Moselle, Meuse, Paris, CNRS, 1984.
Dictionnaire de biographie française, tome VI, Paris, Librairie Letouzey et Ané, 1954.
Iconographie :
Portrait d’Antoine Joseph Bertrand, sur le blog généalogique de Bruno Bernard-Michel).
Sitographie :
Jean-Claude Sosnowski, « Liste d’abonnés au journal Le Phalanstère pour l’année 1833 », charlesfourier.fr, rubrique « Réalisations et propagation », avril 2014, en ligne : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1306 (consulté le 20 février 2017) ; Liste établie d’après les Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10AS 30 (681Mi49, vues 414-417).
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