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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Brun, Claude-François
Article mis en ligne le 12 novembre 2014
dernière modification le 8 janvier 2023

par Sosnowski, Jean-Claude

Né en 1799 à Lyon (Rhône). Officier de santé, médecin, pharmacien, droguiste à Lyon. Convive de banquets phalanstériens à Lyon en 1845 et en 1846. Membre du Comité polonais de la réforme à Lyon en 1846. Membre du club de l’Egalité à Lyon en 1848. Franc-maçon.

Lors du banquet anniversaire de la naissance de Fourier d’avril 1845 organisé par le Groupe phalanstérien des travailleurs de Lyon, Brun improvise un discours et aborde « les plus hautes questions de métaphysique qui se rattachent à l’homme en société » [1]. Le 15 avril 1846, il semble que cela soit également lui qui participe au banquet d’anniversaire de la naissance de Fourier organisé par le nouveau groupe phalanstérien lyonnais mis en place autour de médecins et chirurgiens comme Barrier, Imbert, Coutagne, Bouchet, Fouilhoux et d’avocats comme Juif et Morellet. Le groupe s’appuie sur le journal lyonnais L’Écho de l’industrie, « élevé par la Démocratie pacifique pour être l’organe du Fouriérisme à Lyon » [2] et dont Eugène Fabvier est rédacteur en chef.

Même s’il n’est cité que par son patronyme lors de ces deux événements, il est probablement Claude-François Brun herboriste, droguiste en détail, médecin et pharmacien, installé rue Saint-Georges à Lyon depuis 1831. Marié, il a un enfant. En août 1842, placé devant l’obligation de régulariser ses diplômes, il demande enfin l’autorisation d’exercer dans le département du Rhône et une remise des frais d’une nouvelle réception devant le jury médical du Rhône. Il est établi au 43 de la rue où il est recensé comme herboriste. Il déclare n’avoir qu’un diplôme d’officier de santé obtenu dans le département de l’Ain mais exercer la médecine « depuis onze année dans un des quartiers le plus pauvre de la ville de Lyon […] ». Il poursuit : « j’ai coopéré par mes soins a [sic] détruire cette pépinière de tous les maux qui existait dans le quartier de St Georges […]. [...] au moment où le choléra était en France, je m’enrôlais un des premiers dans la septième section sanitaire de Lyon, pour combattre le fléau, que l’on craignait de voir s’abattre sur cette cité […] » [3]. Il souligne pour terminer : lors « des journées de 9bre [1831], j’étais fourrier de la garde nationale ; cette garde s’était débandée. […] seul de tous les chefs, je la réorganisais dans mon quartier pour paralyser les insurgés, et j’y réussi [sic] plainement [sic] ; ce fait est authentique, il peut être prouvé par le préfet de l’époque et par ses conseillers [...] ». Si les renseignements recueillis sur la conduite de l’intéressé par le préfet du Rhône interrogé par le ministre « sont d’une nature favorable » [4], il souligne que « toutefois, il a été impossible de recueillir des renseignements positifs sur sa conduite à Lyon, pendant les journées d’avril 1834 » alors que Brun rappelait son rôle en 1831. Lors des procès de l’insurrection de 1834 devant la Cour des Pairs, Brun a témoigné à propos de l’explosion survenue dans la pharmacie Offroy, située face à ses appartements, 50 rue Saint-Georges. Offroy est accusé d’appartenir à la Société des Droits de l’Homme, et d’avoir fabriqué de la poudre dans son officine. Brun a affirmé n’avoir « rien vu de remarquable chez cet accusé durant l’insurrection » [5]. Il a nié avoir entendu l’explosion alors que son témoignage initial semblait affirmer par deux fois le contraire. Il est avéré que tous les deux se connaissent. Jusqu’en 1833, Brun assurait une consultation gratuite dans le quartier et Offroy fournissait les traitements sans bénéfice [6]. Si tous les faits relatés par Brun ne peuvent être attestés, cet événement n’est pas invoqué par le Ministère qui s’appuie sur une « bonne conduite [de] notoriété publique » [7] pour l’autoriser à exercer la médecine jusqu’à la première réunion du jury médical du Rhône.
Lors du recensement de 1843, Brun est toujours qualifié de droguiste en détail. En janvier 1846, il annonce qu’il ouvre « un cours qui aura pour objet de présenter la connaissance élémentaire de ce qui concerne le corps de l’homme, relativement à son organisation et au mécanisme de ses fonctions et à la théorie de la formation de ses maladies » [8]. Il s’agit d’observer les lois qui régissent le fonctionnement du corps humain « selon le but que s’est proposé le créateur » afin de rechercher les causes des « vicissitudes » de l’humanité. Il se présente comme professeur, son cabinet de consultation se situe au 3 rue des Quatre chapeaux, et il tient toujours une pharmacie 43 rue Saint-Georges. Il se dit également inventeur et fabricant d’un médicament permettant de surmonter « les affections organiques du système urinaire » [9]. C’est encore probablement lui qui collabore parfois à La Tribune lyonnaise [10]. En mai, c’est à ce titre qu’il devient membre du Comité polonais de la réforme établi à Lyon et chargé d’assurer une souscription et de la « faire arriver dans le plus modeste atelier, la plus humble chaumière » [11].
En février 1847, il préside le comité Bourdy, du nom d’un ouvrier en soie poursuivant les Hospices de Lyon pour non respect d’un testament du 24 mars 1701 au profit, entre autres, des enfants pauvres orphelins de la paroisse de Belleville. Il est aussi membre du bureau du Comité de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises que préside Gudin. Brun est également franc-maçon. En janvier 1847, à la loge La Candeur (Orient de Lyon, Grand Orient de France), il souligne les devoirs du franc-maçon :

N’avons-nous pas, en vertu de notre caractère maçonnique de bien plus grands devoirs à remplir ? Oui, mes frères, nos devoirs sont imposants, car ils ont pour objet de combattre le vice, de le démasquer, de le poursuivre à outrance et de faire triompher la vertu. La maçonnerie enveloppe dans son vaste domaine tous les attributs qui touchent à l’organisation, aux fonctions et au bonheur de l’humanité [12]

Il ne fait probablement qu’un avec Claude Brun, l’un des fondateurs de la loge travaillant au rite écossais ancien et accepté, Les Amis des Hommes, à l’Orient de Caluire (Rhône), loge affiliée au Suprême Conseil de France et établie officiellement le 9 mars 1848 [13] et à laquelle appartiennent Reynier et Desmard.

En mars 1848, Brun, « médecin-pharmacien » est membre du bureau provisoire du Club de l’Égalité club regroupant de nombreux phalanstériens [14]. Alors que Pezzani est accusé d’avoir manifesté pour le maintien de la statue de Louis XIV [15], Brun se voit quant à lui interdire « arbitrairement » l’accès comme délégué au Club central, car « dénoncé sous le prétexte futile et mensonger » selon La Tribune lyonnaise, d’avoir appartenu à la société de Saint-François-Xavier. La Tribune lyonnaise poursuit en indiquant que « le patriotisme du citoyen Brun est assez connu pour n’avoir reçu aucun échec de l’acte inqualifiable du club central » [16]. Très mystique, il intervient en juillet 1848 au club démocratique de Saint-Georges et développe un discours sur la perfectibilité humaine s’appuyant sur la pensée de Pierre Leroux [17].