Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Imbert, Fleury
Article mis en ligne le 19 avril 2013
dernière modification le 29 mars 2024

par Desmars, Bernard

Né le 24 décembre 1795 (3 nivôse an IV) et décédé le 25 décembre 1851, à Lyon (Rhône). Médecin, chirurgien et professeur à l’École de médecine de Lyon. Auteur de travaux sur la phrénologie. Ancien saint-simonien. Président du conseil d’administration de l’Union agricole de Saint-Denis-du-Sig. Membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon.

Fils d’un marchand, parfois qualifié de négociant, mais qui semble être un humble marchand colporteur [1], orphelin de mère à l’âge de deux ans, et de père peu après son dixième anniversaire, Fleury Imbert est élevé par ses grands-parents maternels et un frère de sa mère, les premiers étant marchands guimpiers et le dernier ferblantier [2]. Il fait ses études secondaires à Lyon et y commence des études médicales ; il les termine à la faculté de médecine de Paris où il soutient en 1819 sa thèse sur « l’histoire de la médecine et des médecins de Lyon, depuis la fondation de cette ville jusqu’au seizième siècle ». Il retourne ensuite s’installer dans sa ville natale, où il exerce d’abord dans un quartier populaire. Il obtient le poste de chirurgien-major à l’hôpital de la Charité en 1829, puis de médecin à l’Hôtel-Dieu en 1833 ; il enseigne également à l’École de médecine en tant que professeur d’accouchements et « des maladies des femmes » de 1830 à 1837 ; puis comme professeur d’histoire naturelle, de 1843 jusqu’à son décès. Membre titulaire de la Société de médecine, il est également le fondateur avec deux amis du Journal clinique des hôpitaux de Lyon [3]. C’est une personnalité connue du monde scientifique lyonnais et il est admis en 1837 à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon [4].

Il manifeste un intérêt prononcé pour les recherches médicales et scientifiques novatrices ; il s’intéresse au magnétisme ainsi qu’à la phrénologie, fondée par Franz Joseph Gall. Dès 1826, il donne un cours de phrénologie à Lyon ; dans un Avis aux artistes lyonnais, publié en 1829, il répond à diverses accusations portées contre la phrénologie – notamment celles selon lesquelles cette science conduirait au matérialisme et à l’athéisme – et demande aux artistes de donner « à la copie du crâne et de ses différentes régions une attention particulière » :

Vous ne parviendrez à cette perfection, je le répète, à laquelle vous devez tendre sans cesse, qu’autant que vous aurez représenté le crâne avec cette exactitude minutieuse que Lavater recommandait tant pour la physionomie ; c’est sur la face que se peignent les passions qui nous animent, c’est sur le crâne que vous devez lire celles dont nous sommes susceptibles [5].

Membre correspondant de la Société phrénologique, il collabore à son journal. Il publie également, sous son nom ou sous le pseudonyme du Dr A. Ombros, plusieurs études phrénologiques, sur Descartes, Napoléon Ier, ainsi qu’un Voyage phrénologique à la Grande-Chartreuse, « petit conte philosophique » constitué de scènes dialoguées « dans lequel M. Imbert a voulu prouver que nos facultés sont innées », selon l’Académie des sciences, belles-lettres et arts [6]. Par ailleurs, en 1833, il épouse à Montrouge (Seine) la veuve de Franz Joseph Gall (décédé en 1828 dans la même commune), Marie-Anne Barbé, originaire de Nancy [7].

Saint-simonien au tout début des années 1830 [8], Fleury Imbert évolue ensuite vers le fouriérisme, à la suite de Jules Lechevalier à qui il écrit en août 1832 :

Comme vous Monsieur j’ai été saint-simonien, mais comme je n’avais cherché dans le simonisme [sic] qu’un plan d’association, qu’un moyen d’améliorer le sort de la classe la plus pauvre et la plus nombreuse, j’ai dû me rattacher à M. Fourier aussitôt que j’ai pu le comprendre. Il y a dix ans en effet que la théorie des quatre mouvements était pour moi un sujet de rire et de plaisanterie. Grâce à vous, j’y vois à présent un des ouvrages les plus étonnants qui soient sortis d’un cerveau humain. Il avait besoin d’être traduit et commenté, vous vous êtes chargé de ce rôle ingrat et vous vous en êtes acquitté avec le talent dont vous aviez donné tant de preuves [9].

Imbert s’abonne au Phalanstère et manifeste son « plus vif intérêt [pour] l’admirable projet dont vous préparez l’exécution », c’est-à-dire l’essai phalanstérien de Condé-sur-Vesgre. En septembre 1833, avec l’ouvrier imprimeur Rivière et le tisseur Joseph Reynier, il participe à l’organisation des conférences fouriéristes d’Adrien Berbrugger à Lyon [10]. Cependant, en 1836, il ne semble plus vraiment se situer à l’intérieur du mouvement fouriériste, même s’il s’abonne à La Phalange  ; il écrit à Victor Considerant afin d’avoir des réponses sur « votre théorie sociale », qui ne semble donc plus être la sienne ; ses interrogations portent sur Dieu, l’âme, le libre-arbitre et aussi sur la scientificité de « votre doctrine » ;

Depuis cinq ans, je l’étudie sans trouver la solution de ces questions fondamentales, j’ai lu tous les livres de l’Ecole sociétaire, j’y ai vu des assertions, mais non des preuves. J’ai vu beaucoup de disciples de cette école et je n’en ai pas rencontré un seul qui ait pu me dire sur quoi reposaient ses croyances. Je désirerais cependant savoir une fois pour toutes si Fourier se présente à nous comme un savant ou comme un prophète, s’il veut donner les preuves de ses principes, ou s’il entend les faire accepter comme des articles de foi [11].

Dans un ouvrage publié cette même année 1836 (Le Dr Ombros à M. Victor Considerant. Lettre d’un disciple de Gall à un disciple de Fourier), il s’efforce de montrer les affinités entre la théorie sociétaire et la phrénologie et surtout leur complémentarité ; la phrénologie peut fournir à la science sociale une connaissance véritablement objective de l’homme et de ses facultés ; tandis que la doctrine sociétaire permet aux partisans de la phrénologie de sortir de débats purement spéculatifs en leur offrant un projet de réforme sociale ; aussi prône-t-il le rassemblement des partisans de Gall et des disciples de Fourier [12].

Dans les années 1840, la phrénologie semble tenir moins de place dans ses travaux scientifiques. Il est toujours en relation avec les fouriéristes lyonnais, tels que son confrère François Barrier et les avocats Juif et Morellet. Avec plusieurs d’entre eux, il participe à la création de l’Union agricole d’Afrique, en 1845, en tant que président du comité d’organisation chargé d’effectuer les premières démarches et d’élaborer les statuts ; puis, il souscrit au capital de la société (il acquiert pour 1 000 francs d’action) et devient le président du premier conseil d’administration de l’entreprise qui obtient en novembre 1846 la concession d’un vaste terrain à Saint-Denis-du-Sig, en Algérie. Ses fonctions cessent en août 1847, quand les administrateurs lyonnais démissionnent et que le conseil se déplace à Besançon [13].

Il semble ensuite prendre un peu de recul, à la fois par rapport à l’Union du Sig et par rapport au mouvement fouriériste.


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
puceContact puceMentions légales puceEspace privé puce RSS

1990-2024 © charlesfourier.fr - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.5