Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Luce, Jean-François (dit Luce-Villiard)
Article mis en ligne le 16 décembre 2012
dernière modification le 14 juillet 2021

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 26 octobre 1808 à Auxonne (Côte-d’Or). Décédé le 30 juin 1887 à Beaune (Côte-d’Or). Manufacturier et négociant de tissus. Membre au degré préparatoire de l’Eglise saint-simonienne de Dijon. Membre fondateur de la boucherie sociétaire de Dijon (Côte-d’Or). Membre de la commission municipale exécutive provisoire de Dijon en mars 1848, puis conseiller municipal en 1848-1849 réélu à partir de 1865. Républicain. Préfet de la Côte-d’Or par intérim de novembre 1870 à mars 1871.

Jean-François Luce est né dans une famille de négociants. Son père, Claude Luce, est quincailler devenu négociant à Auxonne. Sa mère, Marie-Hélène-Françoise Fribourg est fille d’un greffier de la ville. Jean-François Luce suit un enseignement limité au collège de la ville et devient commis négociant à Auxonne. A partir de 1830, il s’installe à Dijon où il devient marchand de rouennerie, fabricant de bonneterie et de tissus circulaires caoutchoutés. Inventeur, il dépose ou rachète plusieurs brevets : ceinture de pantalons en tricot avec application de caoutchouc, perfectionnement d’une machine à coudre en 1853, fabrication de jupes avec des bandes d’acier sur métier circulaire à tricot. Il épouse à Beaune, le 13 mars 1836, Madeleine Villiard (1815-1877), fille d’un marchand de vin de la ville, premier adjoint au maire de Beaune durant la monarchie de Juillet. Le couple réside au 10 place d’Armes à Dijon sous la monarchie de Juillet. De cette union naissent quatre enfants dont deux, Alphée-Henri (1841-1842) et Ernestine-Joséphine (1843-1848), décèdent en bas âge. L’aîné des garçons, Jean-Joseph-Lucie Luce (1839- ?) devient ingénieur, manufacturier à Dijon, puis ingénieur à Pueblo (Etats-Unis, Colorado). L’aînée de la fratrie, Marie-Claudine (1837- ?) épouse un marchand de Beaune.

Jean-François Luce-Villiard est un ancien membre du degré préparatoire de l’Eglise saint-simonienne de Dijon. En juillet 1834, Suzanne Voilquin le rencontre lors de son étape dijonnaise. Ami de Félix de Lamaillauderie, Jean-François Luce se montre enthousiaste. Il « a de l’animation, de la vie pour deux ; si le mouvement prend de l’extension, il s’y fera remarquer, dit-il, en se mettant à la tête d’un bataillon de travailleurs » [1]. Il est alors proche de Mourgue [voir cette notice] qu’il fait rencontrer à Suzanne Voilquin. Républicain en 1848, Jean-François Luce-Villiard appartient à la commission exécutive provisoire de Dijon, puis il est élu conseiller municipal. En février 1850, il contribue à la fondation du Socialiste de la Côte-d’Or du fouriériste Victor Meunier, journal disparu en septembre 1850. Il est parmi les fondateurs et rédacteurs des statuts de la Boucherie sociétaire de Dijon initiée par Hector Gamet [voir cette notice] en avril-mai 1851.

Jean-François Luce-Villiard n’est cité comme fouriériste qu’au lendemain du coup d’Etat du 2 décembre 1851. Le commissaire central de police de Dijon le qualifie « d’agent du parti socialiste, d’orateur peu distingué et peu intelligent » [2]. Un ajout complémentaire d’une autre main signale qu’il est « présumé agent légitimiste, à surveiller. Fouriériste, mais honnête homme ». Son nom est inscrit dans le répertoire « Noirot » de la Librairie des sciences sociales établi au cours des années 1860.

Il réintègre le conseil municipal de Dijon en 1865, lors de la victoire des républicains groupés autour de Joseph Magnin. Comme celui-ci, en février 1868, il est inscrit avec son fils comme associé commanditaire de la Société de Crédit au Travail, banque coopérative fondée par Jean-Pierre Béluze, gendre de Cabet et dont l’objet est d’aider les projets ouvriers à se développer. Le 9 novembre 1870, il devient préfet du département de la Côte-d’Or, le préfet d’Azincourt étant otage des Prussiens. Il est remplacé en mars 1871. En 1872, sa fabrique de cotonnades est liquidée, Jean-François Luce-Villiard est presque ruiné.