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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Gacon, Charles-Antoine
Article mis en ligne le 10 décembre 2012
dernière modification le 8 juin 2015

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 4 septembre 1793 et décédé le 4 novembre 1859 à Dijon (Côte-d’Or). Avocat. Conseiller municipal de Dijon en 1830-1831, puis 1837-1845. Membre du comité central de l’Association de Dijon contre l’impôt sur les boissons et le sel fondée le 15 août 1833. Trésorier de l’Association dijonnaise pour la presse patriote. Membre souscripteur de la Société dijonnaise d’assurance mutuelle pour les cas de maladies et d’accidents et secrétaire en 1843.

Charles-Antoine Gacon naît à Dijon le 4 septembre 1793. Il est fils de Claude Marie Gacon et Jeanne Richard. Inscrit à l’ordre des avocats depuis le 3 décembre 1812, domicilié rue Buffon à Dijon, Charles-Antoine Gacon est conseiller municipal de la ville installé le 4 septembre 1830. Il n’est pas élu lors du scrutin du 19 septembre 1831.

Il est cité par Oudot en mars 1839 parmi la trentaine de Dijonnais qui « se disent hautement phalanstériens » [1]. Son adhésion au fouriérisme est l’œuvre du prosélytisme de Gabriel Gabet qui l’a recommandé en décembre 1832 et annonce la parution dans Le Patriote de la Côte-d’Or « d’un article très remarquable sur la colonie » [2] projetée de Condé. Il est ami d’Auguste Gaulin, gendre de Gabet. Ayant fait une lecture approfondie des écrits de Fourier, il se propose, poursuit Gabet, « de se rendre à Paris dans l’intention d’assister à la fondation de [la] phalange d’essai, d’y coopérer par ses lumières et par sa bourse ». Gacon, écrit-il lui-même dans une lettre qui accompagne celle de Gabet, « célibataire et à peu près libre de [son] temps », veut devenir actionnaire et résider à la colonie mais pas comme « simple curieux à 15 ou 20 francs », sa fortune ne lui permettant pas cette oisiveté. Selon les listes des élus municipaux dijonnais, son revenu annuel estimé s’élève à 1 200 francs. En 1839, il est électeur censitaire dans le collège du premier arrondissement (Dijon-est), au titre d’une contribution fiscale foncière d’un total de 256,22 francs pour des propriétés à Nuits-Saint-Georges (39,05 francs), Arc-sur-Tille (79,86 francs), Beire-le-Châtel (48,87 francs) et Corberon (88,44 francs). A la fin de la monarchie de Juillet, cette contribution sera légèrement supérieure (271,74). Son enthousiasme à rejoindre la colonie est cependant mitigé, conscient des limites de ses compétences techniques :

je ne sais trop à quoi pourrait servir en pareille occasion un avocat sans cause, ayant quelques connaissances pratiques dans l’exploitation des mines [3].

En 1838, il est effectivement poursuivi devant la Cour royale de Paris, chambre des appels correctionnels dans le cadre de l’affaire des mines de Saint-Bérain et Saint-Léger pour avoir avec d’autres, « fait croire à des bénéfices chimériques » [4] aux actionnaires. Mais il suit attentivement l’expérience de Condé. Dans un courrier du 15 janvier 1833, il propose de faire admettre « au phalanstère », la famille d’un tailleur dijonnais incapable d’un travail sédentaire : « il ne savait pas tous les avantages de l’alternance » [5]. La multiplicité des origines des colons doit permettre de diffuser la théorie phalanstérienne en province, souligne-t-il.

Sa connaissance de Fourier est issue d’une lecture assidue du Phalanstère et du Traité de l’Association domestique et agricole. Il met en avant le fait qu’il « est actionnaire et collaborateur du Patriote de la Côte-d’Or, journal de l’opposition, consciencieusement du mouvement et du progrès » [6] dont le rédacteur est alors Jules Pautet. Il reconnaît que lui-même est encore marqué par les

moyens politiques ordinaires [...]. Aussi ce n’est guère qu’accessoirement que la nouvelle voie de salut annoncée à la société civilisée est admise par le plus grand nombre de citoyens estimables et excellents patriotes. La plupart l’ignorent encore ou ne la connaissent que de nom et comme l’utopie d’un homme de bien, qu’ils ne se donnent pas la peine d’étudier

Malgré tout, sans développer la pensée de Fourier, « l’attraction passionnelle, trop difficile à faire connaître en peu de ligne, a été forcément négligée », il a tenté par trois articles d’annoncer aux lecteurs du Patriote « l’œuvre philanthropique dont la réalisation se prépare ». Dans sa lettre du 15 janvier 1833, après une réponse de Considerant, jugeant avec intérêt les bénéfices qu’il peut tirer de cette recrue pour la propagande, Gacon annonce une tentative

de parler des théories de Mr Fourier, et de faire concevoir [aux lecteurs du Patriote de la Côte-d’Or] la base de son système, l’attraction passionnée (sic) ; je ne me flatte pas d’y avoir réussi. J’ai tâché cependant de dégager autant que possible l’exposition imparfaite que j’en ai esquissée, de la forme dogmatique ; c’était le meilleur moyen, quant à présent, de ne pas effaroucher la plus grande partie du public imbue de préjugés contre tout ce qui à l’air d’une abstraction. [...], mais la vulgarisation des meilleures idées est forcée à beaucoup de précaution dans presque tous les cas. Vous n’ignorez pas la répugnance des hommes politiques pour une direction nouvelle qui tend à détourner les esprits de la voie d’action qu’ils ont embrassée et dans laquelle le pays a marché avec eux jusqu’à présent [7].

Son article est repris partiellement dans Le Phalanstère du 25 janvier 1833. Gacon y développe en termes simples la théorie de l’Association et du travail attrayant. « Ces courts aperçus suffiront pour faire comprendre l’idée régénératrice de Fourier, la société harmonienne, fondée sur l’attraction passionnée ».

Gacon étudie et propage par tous les moyens à sa disposition la pensée de Fourier. Dans son courrier du 15 janvier 1833, il réclame l’ouvrage d’A. Maurize, Dangers de la situation actuelle de la France, aux hommes sincères de tous les partis. Il transmet même une note,

un griffonnage que je ferai présenter à la chambre des députés par un de mes amis de l’opposition. Vous pensez bien que je n’attends aucun résultat. L’ignoble majorité à bien assez à faire de servir obséquieusement le pouvoir [...] pour avoir encore quelque soin pour les intérêts moraux et matériels du pays. [...] cette pétition morte-née se rattache [en ?] plusieurs points à la nouvelle école

Sa pétition est renvoyée en commission lors de la séance du 14 février 1833 [8].

Son acte d’adhésion semble convaincre pleinement Victor Considerant qui souhaite qu’il entre en contact avec Léonard Nodot, dont la rupture avec l’église saint-simonienne est connue publiquement depuis février 1832, afin de connaître sa position vis à vis de la théorie phalanstérienne. Bien qu’ouvertement gagné à la cause - il est abonné à La Phalange en 1836 d’après la liste des « abonnés qui ont droit aux gravures de Chartres » [9] réalisées par César Daly ; il l’est encore en 1841-1842 [10] - Gacon reste proche des milieux opposants au régime. Il participe à la souscription pour subvenir au paiement de l’amende de 4 000 francs auquel est contraint le journal La Glaneuse de Lyon le 17 mai 1833 [11]. Il est fondateur et membre du comité central de l’Association de Dijon contre l’impôt sur les boissons et le sel fondée le 15 août 1833 dont la protestation conduit à la poursuite par la Cour d’Assises de Dijon du Patriote de la Côte-d’Or de Jules Pautet, défendu par Etienne Cabet. Il est également trésorier de l’Association dijonnaise pour la presse patriote [12]. Il retrouve ses fonctions de conseiller municipal le 28 mai 1837. En décembre 1837, avec Gaulin et Gabet, il s’oppose à l’ordonnance qui nomme deux adjoints sans qu’un maire ait été désigné, Hernoux, le maire sortant n’ayant pas été reconduit et Dumay ayant décliné dans un premier temps sa nomination [13]. Gacon démissionne de son mandat en octobre 1845 invoquant son incapacité à siéger et refusant « un titre purement nominal » [14]. Il décède le 4 novembre 1859, à son domicile, 16 rue Bassano à Dijon. Il est encore célibataire et qualifié de propriétaire. Comme nombre de phalanstériens dijonnais, il est membre souscripteur de la Société dijonnaise d’assurance mutuelle pour les cas de maladies et d’accidents présidée par Gaulin et en assure le secrétariat en 1843.


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Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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